L'empereur et la Seconde Main Feat Mevra Sych

L’Empereur sélectionnait avec soin les personnes qui l’entouraient. Il y avait des conseillers, des militaires, les différents dirigeants des institutions impériales. Mais également son apprenti, Dark Vador, les Inquisiteurs et d’autres serviteurs du Côté Obscur. Mais il y avait également des êtres dont il était le seul à connaître l’existence, les Mains de l’Empereur. Chacune de ses Mains était un agent secret, donc la véritable affiliation n’était connue de personne. Elles étaient toutes versées dans les arts du Côté Obscur, à un degré plus ou moins poussé selon les individus. Mais aucun d’eux n’était un Sith, et aucun n’était près d’en devenir un. Sidious y veillait personnellement.
Depuis ses appartements, il consultait les rapports qu’on lui avait fait parvenir, concernant différentes choses. Son esprit était focalisé sur sa tâche. Il redoublait d’attention quand il tombait sur celui d’une de ses Mains. C’est alors qu’il sentit comme un picotement sur sa nuque. Le Côté Obscur s’agitait. Soupirant, il interrompit sa lecture pour plonger son esprit dans la Force. Il détecta la source de cet agitation. Dans un océan de calme s’était formé un tourbillon chaotique. Ce n’était pas une signature à laquelle Sidious était habitué. Ni une de ses Mains, ni un Inquisiteur, ni même un Jedi. Il s’agissait d’autre chose. Et cette chose se trouvait sur Coruscant. Il avait un pressentiment, mais il ne saurait dire s’il était bon ou mauvais.
Sortant de sa méditation, Palpatine prévint ses Gardes Royaux, ainsi que les Stormtroopers du Commandant Fox, de la garnison de Coruscant. Il se pouvait qu’un adepte de la Force tente de pénétrer le Palais Impérial. Tir paralysant. Même s’il doutait que les Troopers ne débusquent cette personne, peut-être que ses Gardes tomberaient sur elle. Il s’agissait de découvrir s’il était une cible, même s’il doutait que ce ne fut pas le cas. Si la personne avait été un assassin, elle aurait dissimulé sa présence dans la Force, même si elle ignorait que Palpatine fut un Seigneur Sith. Ou à l’inverse, si elle l’avait révélée comme c’était le cas, elle aurait pu jouer de cela et créer la discorde dans les bas-fonds de Coruscant, afin de leurrer les Stormtroopers. Non, en vérité, ce qu’il avait perçu semblait être de la puissance brute qui n’était pas contenue car pas contrôlée. Le genre de pouvoir qui pouvait être aussi dangereux que merveilleux pour la personne qui le possédait.
Mais en vérité, il souhaitait découvrir la source de ce tourbillon. Il enfila une de ses bures Sith, et se dirigea vers un ascenseur secret avec deux de ses Gardes. Ils arrivèrent dans les souterrains du Palais, un endroit où l’on pouvait ressentir le Côté Obscur qui émanait librement. A chaque fois qu’il venait ici, Sidious ne pouvait s’empêcher de trouver cela ridicule que les Jedi aient tenté de dissimuler et contenir cette merveilleuse puissance en condamnant ces couloirs. Ils avaient été hypocrites depuis toujours. Et l’un de ces couloirs menait à une sortie dissimulée dans une ruelle sombre comme il y en a des millions sur Coruscant. Seulement, Palpatine plaça un appât à cette sortie, en laissant émaner sa propre puissance sur la mer de Force qu’était Coruscant. Il agissait ainsi tel un phare, et espérait pouvoir attirer la personne qui naviguait à vue, et que lui pouvait distinguer sans grand mal. Il s’assit en tailleur dans une pièce, pour méditer et ainsi s’ouvrir à la Force. Il n’aurait pas besoin d’eux pour savoir si l’intrus allait arriver, mais ses Gardes se postèrent devant l’entrée, prêts à réagir au moindre mouvement. La chasse commençait...

Coruscant, comme l’avait dit le jeune homme flammèche. Cette ville regorgeait de possibilités, on pouvait y tendre des traquenards dans presque chaque coin de rue. On pouvait y traîner des pauvres âmes pour les y empoisonner dans les lupanars ou le fumeries… Les riches ne manquaient pas et Mevra s’était fait un plaisir de glisser parmi eux avec une bourse qu’elle avait bien rempli.
Seulement voilà, comment retrouver le Seigneur noir des Sith dans ces rues et comment l’atteindre ?
Tous les beaux quartiers lui semblait princiers, digne d’un Seigneur, mais lequel était le bon ?
La collerette de la Naga se hérissa comme pour répondre à sa question alors qu’un picotement tiraillait sa colonne jusqu’au bout de sa queue. Neyra lui demanda ce qui n’allait pas, elle n’avait pas sentit, elle. Evidemment. L’aînée ne gratifia même pas son parasite d’un coup pour la faire taire, elle se concentra pour comprendre ce qui lui arrivait. Elle avait déjà eut une sensation familière, bien moins intense, quand elle devait faire face à un puissant Nagaï ou à ce cornu rouge qu’elle avait affronté plus tôt… Mais c’était sans commune mesure.
Sa peau valsa, ondula le long de son corps alors qu’elle laissait ce frisson angoissant la pénétrer. C’était lui, sans aucun doute. Elle l’avait trouvé. Elle se fia à cette sensation, à la façon dont elle s’intensifiait à mesure qu’elle approchait. Son impatience croissait au même rythme. Elle glissait dans les ruelles avec aisance, plus vite, toujours plus vite, plus bas vers le coeur de la ville. Plus bas toujours plus bas vers les ténèbres. Elle dût glisser un certain temps dans le noir mais y parvint sans heurt grâce à ses fossettes. L’obscurité semblait rendre cette présence plus poignante encore, plus palpable, elle était persuadée qu’on la regardait maintenant. Elle ne savait d’où, elle ne savait comment.
Mais si c’était le cas, alors elle allait au bon endroit.
Lorsqu’elle émergea de ses tunnels, elle vit deux gardes qui lui barraient la route vers son objectif. Il était là derrière. Il l’attendait c’était sûr !
Mevra ne perdit pas une seconde en parlotte, les gardes étaient là pour garder. Ils ne la laisseraient sûrement pas passer et elle n’allait pas risquer d’essuyer un refus. Sa collerette se hérissa à nouveau et la sonnette remua avec colère.
Elle surgit et, par la Force, arracha un casque à l’un des gardes avant de lui cracher son venin dans les yeux. Le pauvre bougre tenta de se défendre, d’attaquer, de résister à la brûlure mais la douleur était insupportable et elle ne fut pas la seule attaque qu’il eut à subir. De lourds anneaux s'enroulèrent autour de lui, lui arrachant ses armes et commençant à le broyer. Mevra s’était dressée de toute sa hauteur, presque 5 mètres de haut, pour toiser le second garde avant de fondre sur lui gueule en avant. Elle n’avait qu’une seule main libre (Neyra se couvrait le visage, de terreur, avec la seconde) mais avec cette seule main et ses dents, elle projetta le garde avec violence à l’autre bout de la rue, jusqu’à briser son armure. Puis lui vola son arme, une bien belle arme, elle le tua avec dans une ironie qu’elle affectionnait tout particulièrement.
Quant au premier garde, qui geignait et gémissait, toujours en vie dans ses anneaux…
Elle lui arracha son casque et le redressa vers elle, contemplant son visage qui bleuissait à mesure qu’elle serrait. Contemplant comme la vie s’en allait à mesure qu’elle contractait ses muscles. Il n'y avait pas de son, de sensation, de parfum plus agréable aux sens de Mevra que celui-ci. La symphonique mélodie des os qui se brisent sur les soupirs et les lamentations de son parasite, la force impitoyable de ses anneaux broyant une proie, le parfum de la Mort qui approche et qui l'enveloppe dans son étreinte somptueuse. Qui se fond contre sa peau, s'y colle, la pénètre, la grise et guide sa main.
Son cœur battait aussi vite que celui de sa proie et elle s'approchait toujours au plus près pour contempler ce moment infini où la vie s'éteignait. C'était comme assassiner une étoile et regarder la supernova dans les yeux.
Ces victimes rendaient toujours leur dernier souffle aux bords des lèvres de la Naga, fascinée par la beauté putride de leur fin. Elle n'en laissait rien échapper, comme l'amante passionnée qu'elle était, elle observait et participait à la valse avec la mort à chaque fois que l'occasion se présentait...

Comme il l’avait prévu, Palpatine n’eut pas à patienter longtemps avant que l’objet de sa curiosité ne morde à l’hameçon. Il ressentait une force brute, indomptée, s’approcher. Mais, si pour un être vivant ordinaire, cette puissance aurait pu sembler considérable, elle n’était rien en comparaison de celle que possédait le Seigneur Noir des Sith, mais il était le seul à le savoir. Aux yeux de tous, il était un vieillard tout juste bon à diriger la galaxie depuis son trône sur Coruscant. Et cette image lui convenait parfaitement.
Dans la Force, il dissimulait sa toute-puissance. Il se contentait d’en libérer suffisamment pour attirer à lui sa proie.
Quelques instants plus tard, il fut tiré de sa méditation par des bruits de lutte qui résonnèrent dans les couloirs de pierre vides. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Les deux Gardes postés à l’entrée avaient à peine eu le temps de l’alerter. Il n’avait aucun scrupule à les avoir consciemment envoyé à la mort. Leur devoir était de servir l’Empereur quoiqu’il en coûte et d’obéir à ses ordres sans discuter. Ils étaient des guerriers d’exception, la crème de la crème, mais ils semblaient avoir trouvé un adversaire de leur calibre. Il interrompit sa méditation et, d’une pression sur un panneau dissimulé, fit en sorte que la porte qui donnait sur la rue se ferme et se verrouille. Il était désormais seul avec l’intrus. Enfin, c’est ce qu’il laissait croire. Le Côté Obscur est constamment avec lui. Son allié et son arme la plus précieuse.
Il se leva et sortir de la pièce où il était. Il faisait noir, mais à son arrivée dans le couloir, une faible lumière s’alluma. Il y voyait comme en pleine jour. Devant lui se tenait une alien, d’une espèce qu’on voyait très peu en raison d’une culture jugée primitive. Elle se tenait, de toute sa hauteur, devant lui. Et pourtant, à aucun moment Sidious ne se considérait inférieur à cet être singulier. Il nota qu’elle possédait deux corps, et que l’une de ses têtes se dissimulait derrière un bras atrophié. Mais le regard de la seconde était tout à fait visible. Dans ses yeux jaunes, Sidious lisait de l’envie, de l'admiration, mais également de la satisfaction. Parlant d’une voix forte, amplifiée par la résonance du couloir, Sidious dit d’un ton autoritaire, le visage dissimulé sous une capuche :
« Je vous invite, et vous refusez l’escorte de mes Gardes ? Quelle impudence… De plus, vous avez osé les tuer. Vous ne manquez pas d’audace. »
Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres du Sith. Mais il resta immobile, bien visible de l’alien en face de lui. Cependant, il manifestait en vérité une partie de son pouvoir afin de stranguler les deux têtes de la Naga, et la plaquer au plafond.
« Si je vous ai attiré ici, c’est par pure curiosité. Êtes-vous là pour me tuer ? Non… Vous désirez mon pouvoir. C’est tout ce qui vous intéresse. J’ai suffisamment de personnages ambitieux sous mes ordres. Pourquoi devrais-je m’enticher d’un autre ? Qu’avez-vous à m’offrir ? »
Sur ces mots, il relâcha la Naga, qui tomba lourdement au sol. Il se tourna vers elle, et se tint les bras écartés. Il n’attendait en vérité aucune réponse à sa question. Mais des actes.
« Si vous souhaitez ma puissance, venez la chercher. Prouvez que vous en êtes digne. »
En prononçant ces mots, le Seigneur Sith augmentait de manière croissante sa présence dans la Force, à tel point qu’elle en devint oppressante dans l’espace confiné où les deux êtres se trouvaient. Il était le Seigneur Noir des Sith, l’Empereur Galactique, et rien ne pourrait changer cela. Il le serait pour l’éternité. Il ne laisserait rien ni personne se mettre en travers de sa route.

Lorsque Mevra s'engouffra dans l'embrasure et que la porte se referma derrière elle, elle comprit qu'elle ne menait pas la danse. Il l'avait sentit sûrement bien avant elle, et il avait sut ce qu'elle voulait. Il l'avait attirée ici.
Et elle était joyeusement tombée dans la gueule du loup.
Avec stupeur puis douleurs elle sentit son corps quitter le sol alors qu'une main qu'elle ne pouvait voir lui écrasait la trachée. Il lui reprochait d'avoir tué ses gardes mais s' ils avaient perdus contre elle, alors ils ne méritaient pas ce poste.
Ils n'en étaient pas dignes.
Elle retomba avec bruit au sol, son corps n'étant pas habitué à de telles acrobaties, il n'avait pas pus la soutenir puis elle sentit la sensation précédente revenir. S'amplifier. L'écraser. Au point que même Neyra le sentit et se mit à pleurer, en proie à la terreur n'osant même relever les yeux et psalmodiant une prière en sentant la mort venir. Mevra se redressa au mieux alors que la puissance ne cessait d'augmenter au delà même de sa compréhension. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle était heureuse de l'avoir enfin trouvé et qu'elle ne devait pas échouer à le convaincre de sa valeur.
Cela, elle s'y refusait.
Le pression tirait Neyra vers le bas au point de déchirer la peau qui joignait leurs épaules, Mevra ne savait pas comment le prouver immédiatement, elle le devait pourtant.
- Vos gardes étaient sur mon chemin... Siffla t'elle en tentant de riposter.
Des arcs électriques bref et brillants se mirent à crépiter autour d'elle. Prêt à se manifester mais la Naga ignorait comment faire.
- je suis la meilleurs chasseresse de mon clan ! Mettez-moi à l'épreuve ! Demanda t'elle, donnez moi le nom de vos ennemis, j'en ferais les miens et je vous apporterais leurs têtes ! Je ne serais loyale qu'à vous. Je deviendrais la meilleur guerrière que vous ayez jamais eus à votre service !
Elle darda ses yeux droits dans les prunelles du seigneur noir des Sith, sa conviction et sa rage de vaincre envahissant à son tour les lieux, prête à déferler sans pitié où on le lui dira.
- La meilleur ! Cria t'elle encore pour couvrir le son du tonnerre qui semblait rouler sous, sur et autour de cette pièce. Il y avait une entité avec lui. Quelque chose qu'elle ne pouvait qu'espérer approcher. Les arcs électriques avaient continués à croître autour d'elle sans aucune forme de contrôle.

Sidious fut presque déçu de la réaction de la Naga. Presque. Il s’attendait à ce qu’elle lui fonce dessus pour l’attaquer, mais en réalité, l’alien se releva à peine. Suite à la pression qui s’accumulait dans le couloir exigu, il eut l’impression qu’elle était plus petite que lui. Il nota d’ailleurs que la seconde têtes semblait se ratatiner de plus en plus. Mais ce qui retint son attention, ce fut les éclairs qui se manifestèrent autour de la Naga tandis qu’elle plaidoyait sa cause. Elle avait un potentiel. Au fur et à mesure qu’elle parlait, leur taille et leur fréquence augmentaient.
Ainsi, elle souhaitait être au service de Sidious. Elle semblait avide de sang et de violence. Mais le Sith ne voulait pas un Seigneur de Guerre à ses ordres. La guerre était finie - du moins en apparence. Les Inquisiteurs traquaient les Jedi, et les Mains agissaient dans l’ombre. Il n’y avait que ces options qui s’offraient à la Naga. Et la première semblait hors de propos. Mais pour la seconde, il allait effectivement devoir la mettre à l’épreuve. Alors qu’elle criait, et que le tonnerre semblait résonner dans cette pièce, le Seigneur Noir des Sith se mit à rire, couvrant tout autre son dans le couloir, d’un rire machiavélique. Le genre de rire qui sidère ses ennemis, et inspire la peur à ses alliés.
« Qu’espérez-vous gagner en soutenant que vous êtes la meilleure chasseuse de votre clan ? Je n’ai cure de ce genre d’exploit futile. Vous espériez m’impressionner ? C’est raté. »
Après avoir prononcé ces mots, Sidious leva une main, les doigts tendu en avant. Il manifesta une fraction de son pouvoir, et du bout de ses doigts jaillirent des éclairs bleutés, manifestation physique de sa puissance dans la Force. Les éclairs crépitèrent contre ceux autour de la Naga, puis la frappèrent de plein fouet, soulevant sa masse impressionnante du sol. L’attaque fut brève. Sidious ne la tuerait pas encore, car elle avait attisé sa curiosité. Il reprit la parole en s’approchant doucement de l’alien. Il semblait flotter au-dessus du sol.
« Je n’ai pas besoin de guerriers. Mes ennemis ne sont pas une armée. Ce sont, au pire, des bandes désorganisées, et au mieux, des individus isolés dans toute la Galaxie. J’ai besoin d’êtres sournois, discrets, capables d’exécuter la moindre de mes volontés. Des assassins. Des voleurs. Des agents infiltrés. Tant de choses à la fois. Vous souhaitez me servir, être mise à l’épreuve. Vous auriez pu prendre les devants, et m’apporter une offrande, afin de montrer de quoi vous êtes capable. » Il s’interrompit pour jeter un oeil aux cadavres des deux Gardes, plus haut. Il se gardait bien de dire que le fait de les avoir surpris et tué aussi rapidement et aisément était déjà un exploit en soi. Il reprit la parole, plus calme, mais pas moins menaçant. « Pour quelle raison souhaitez-vous me prêter allégeance ? »

Mevra sentit une sueur froide traverser son dos, elle était entrain d'échouer. Il n'avait pas l'air convaincu. Il ne l'était pas.
L'éclair la frappa de plein fouet et elle fut projetée comme un rien malgré son poids. Elle eut besoin de quelques secondes pour que son cœur se remette à battre après ce choc. Elle se releva presque aussitôt malgré la douleur, elle voulait encaisser. Elle le devait. Elle devait se montrer capable !
Sournoise ? Infiltrée ? Discrète ? Elle pourrait le faire !
La sournoiserie était dans son sang, dans sa chair, c'était sa façon de faire même ! Il osait en douter...
Elle persifla et en un instant bondit pour s'enrouler autour de Sidious, s'abaissant pour lui faire face : elle sortit le sabre volé de son étui et le lui montra.
- Un jedi... déclara t-elle en le lui donnant.
Elle savait que lorsqu'elle regardait quelqu'un dans les yeux, très fort, en poussant d'une certaine façon, en projetant ses pensées, elle pouvait imposer des images. Elle l'avait souvent testé sur Neyra, elle ne pourrait sûrement rien imposer à cet homme. Elle l'admettait, il était bien trop fort pour elle, mais elle refusait d'abandonner.
Elle repensa de toutes ses forces à ces nuits de vendettas, les massacres en plein journée et les raids nocturnes et silencieux. Tout ces Nagaïs avaient payés le tribut du sang. Elle visualisa son combat contre le jedi, contre le cornu Zabrak...
- J'ai pu les vaincre sans avoir été entraînée au maniement de cette arme. Si j'apprenais...
Elle ne termina pas sa phrase. C'était évident.
- Je ne respecte que la puissance et depuis que j'ai quitté ma planète, l'on dit que c'est vous qui trônez au sommet. Je ne veux pas de trône, je ne veux rien de cela, je veux être votre arme personnelle peu importe votre dessein. Je l'exécuterais sans remords.
La seule et la meilleure qu'il aie jamais eue... Songea t-elle, avec détermination. C'était son objectif. C'était devenu sa quête. Sa raison de vivre.

Le Seigneur Sith observa la Naga se relever après son attaque. Elle ne succombait pas à la douleur, et résistait. Elle trouva même la force de venir se tenir devant lui, en enroulant ses anneaux autour du corps fin et vieillisant de Palpatine. Il resta sur ses gardes, ses yeux luisant d’un jaune intense, le bout de ses doigts crépitant de puissance. Il observa l’offrande qu’elle lui fit. Un sabre laser. Cela pouvait à la fois signifier beaucoup, mais aussi très peu. C’est le genre d’objet qui allait commencer à se trouver sur le marché noir, et que l’Empire doit absolument récupérer pour empêcher que cela tombe entre de mauvaises mains.
Néanmoins, quand les yeux du Sith se posèrent sur ceux de la Naga, il sentit qu’elle cherchait à communiquer avec lui via la Force. Sidious étendit alors sa volonté et pénétra dans l’esprit de l’alien pour voir ce qu’elle souhaitait lui montrer. Il en vit même davantage, et cela eut le mérite de l’impressionner. Elle avait en effet triomphé d’un Jedi, et avait rencontré son ancien apprenti, Maul. SIdious grimaça à cette vision, mais reprit rapidement un visage neutre. Il vit également la manière dont elle quitta son clan, et dont elle traitait sa soeur siamoise. Cela intrigua Palpatine.
En ressortant de son esprit pour écouter ce qu’elle avait à dire, son regard se posa sur la créature chétive qui avait fusionné avec la Naga. Elle semblait telle une parasite, fixée à son hôte. Elle souhaitait sans doute s’en débarrasser. Mais Palpatine ne lui offrirait pas ce plaisir. Il reporta son attention sur la tête qui s’exprimait. Elle aspirait uniquement à le servir, d’après ses dires. Le Seigneur Sith doutait de cette affirmation, mais il savait à quoi s’en tenir. Il pourrait faire d’elle une Main, la formant en secret, exploitant son lien avec la Force afin de faire grandir son pouvoir. Mais jamais elle ne serait assez puissante pour opposer une véritable menace à Sidious. Il l’avait déjà fait avec tant d’êtres, certains comme elles, mais pas tous. Chaque Main était différente, persuadée d’être unique. Il prit alors la parole, et sa voix siffla, tel un serpent. Tel un reflet de celle de la Naga.
« Voilà qui parle bien plus que de simples mots. Une arme Jedi. D’après ce que j’ai vu, vous avez en effet réussi à l’éliminer. Mais me ramener celle du Zabrak aurait été encore plus gratifiant à mes yeux... »
Ses yeux, scintillants sous sa capuche, se mirent à briller d’une lueur malveillante. Sidious se tint immobile, tandis qu’il utilisait la Force pour soulever et écraser la trachée de l’alien devant lui. Cette fois sa voix se fit emplie de colère.
« Avez-vous une preuve que Maul ne vous a pas envoyée ici pour m’éliminer ? J’aurais pu mettre fin à votre existence depuis que vous avez pénétré ici. Peut-être cherchez-vous à vous attirer mes faveurs, puis à me poignarder dans le dos au moment opportun. Car telle est la voie des Sith, et Maul ne connaît que la trahison. Nombreux sont ceux qui ont essayé. Tous ont échoué. Vous ne serez qu’un cadavre de plus sur la montagne. Vous n’êtes personne, vous n’existez pas… L’assassin parfait. Personne ne vous pleurera. Et si vous échouez, Maul pourra en envoyer d’autres comme vous. Ou bien est-ce votre soeur qui a passé un marché avec lui ? Vous semblez dominante, mais peut-être est-ce l’inverse... N’essayez pas de me duper, car je suis le maître de la tromperie, Naga. Pourquoi n’avez-vous pas tué Maul ? »
Il avait prononcé chaque mot de sa dernière phrase lentement, en appuyant chaque syllabe. Son ancien apprenti lui avait causé du tort par le passé, et n’était théoriquement plus en mesure de le faire. Mais le fait qu’elle ait rencontré le Zabrak avant de se rendre auprès de Palpatine n’était pas une coïncidence. Il doutait qu’elle lui mentît, mais il voulait l’entendre de sa bouche.

Mevra fut presque scandalisée de l'accusation, elle sentit sa collerette se hérisser de colère et lorsqu'elle parla de nouveau, ses crocs à venins saillaient hors de sa bouche :
- Je ne m'intéresse pas à ce cornu ! Je ne le sers pas ! Je ne sers pas les lâches ! Il s'est enfuit et a probablement été mourir dans un coin à cause de mon poison ! à l'heure qu'il est je suis certaine que les mangeurs de chairs se régalent de sa sale tête ! Il a réussit à s'enfuir parce qu'il avait plus d'expérience, il connaissait cet endroit, c'est tout ce qui l'a sauvé !
Elle sentit sa gorge se serrer, littéralement, alors que son corps se soulevait, tirant un nouveau sanglot désespéré à Neyra. Une preuve ? Elle n'en avait pas. Comment pourrait-elle avoir une preuve de l'inexistence de quelque chose !?Sentant que la parole allait lui manquer en même temps que l'air, elle serra le poing de toutes ses forces et força Neyra à parler.
Le regard de la plus jeune se vida de sa substance et elle récita :
- Vous pourriez, mais vous ne l'avez pas fais. Vous voyez mon potentiel, c'est vous qui m'avez amenée ici j'en suis sûre. J'ai sentis le Zabrak et je l'ai défié mais vous je ne vous ai pas sentis en m'approchant de la planète comme je l'ai sentis lui. Vous étiez caché. Si je mentais, vous l'auriez vu. affirma t-elle.
Le Seigneur atteignait toutes ses espérances et même au delà, elle avait une montagne de choses à apprendre et cela ne la déterminait que plus à être enseignée de cet homme hors-norme.
Ses dents grincèrent quand il lui affirma qu'elle n'était rien ni personne. Que personne ne la pleurerait et en cet instant, il avait raison. Et cela fit enfler sa colère à un point tel qu'un bref petit éclair se matérialisa au bout de ses doigts. La suffocation la guettait, son visage avait changé de couleur, mais Neyra pouvait toujours parler et respirer, elle, c'était ce qui la sauvait.
- Je n'ai pas de soeur, cette chose est un parasite qui ne doit sa survie qu'au vol de mes organes... Si ma vie n'était pas en jeu, je l'aurais tuée...
Mevra ferma les yeux en sentant qu'ils s'injectaient douloureusement de sang, avant de les rouvrir :
- Le Zabrak, le cornu... Je vous ramènerais son sabre si vous le désirez... J'ai aussi volé.... ceci, à la chienne Jedi...
Neyra sortit l'artefact du sac et le tendit, son visage toujours aussi vide d'expression...

La Naga lui révéla que Maul s’était enfui. Depuis son retour, le Zabrak était devenu un maître dans l’art de prendre ses jambes à son cou. Elle semblait malgré tout bien présomptueuse de ses capacités. Un atout que Palpatine exploiterait sans pitié pour s’en faire un outil mortel. Elle était néanmoins perspicace et savait pourquoi le Sith la gardait en vie. Elle ne reculerait devant rien pour faire ses preuves. Le fait qu’elle exprima le souhait de se débarrasser de sa soeur siamoise démontra son absence de scrupules, ce qui fit naître un petit sourire sur les lèvres du Seigneur Noir des Sith.
Néanmoins son attention se reporta sur l’Holocron qu’elle sortit de son sac. Si Palpatine avait effectivement vu une Jedi dans l’esprit de la Naga, il ne l’avait pas reconnue. Mais le fait que la Naga lui ait dérobé un Holocron n’était pas anodin. Ne souhaitant pas tuer l’alien, le Sith la relâcha après s’être emparé de l’artefact Jedi. Elle tomba lourdement au sol tandis qu’il observait ce qu’il avait en main. Après plusieurs secondes, il reporta son attention sur la Naga suffocante.
« Voilà qui force le respect. Vous avez non seulement éliminé un Jedi, mais vous avez également réussi à me ramener l’un de leurs artefacts les plus précieux. Peut-être n’êtes-vous pas totalement incapable. Cependant... »
Il dirigea son regard vers la seconde tête chétive, qui s’était recroquevillée. La Naga l’avait qualifiée de parasite, mais Sidious était persuadé que cela l’irriterait de voir qu’il la considérait comme sa soeur.
« Je doute que ce soit la mort qui vous attende si vous vous débarrassez de votre soeur. Le Côté Obscur… Est un moyen d’acquérir de nombreuses facultés considérées comme contraires à la nature. Si vous êtes assez forte, vous survivrez à l’opération. Si vous souhaitez devenir mon arme, il vous faudra vous débarrasser de tout ce qui vous bride. Mais ce n’est pas à moi de vous offrir cela. J’ai besoin que vous fassiez vos preuves. Je vous rendra forte, mais pas pour vous. Vous servirez ma volonté, et rien d’autre. Ce n’est pas moi qui vous dirais de tuer votre soeur. Mais si vous veniez à échouer à cause d’elle, ou pour toute autre raison, vous en subiriez les conséquences. Je suis le Seigneur Noir des Sith, et ma volonté est absolue. Vous n’êtes et ne serez jamais rien aux yeux de la Galaxie. Mais vous pouvez devenir beaucoup aux miens. »
Palpatine avait encensé son discours, comme il en avait l’habitude. Il avait toujours su choisir les bons mots pour ses interlocuteurs, et il ne doutait pas qu’une fois encore cela avait été le cas. La tension dans la pièce diminua, se fit légèrement plus chaleureuse. Moins hostile, tout du moins. Le Seigneur Noir des Sith avait été impressionné par ce qu’il avait vu de la Naga.

Mevra sentit en elle une émotion qu'elle n'avait jamais connue, mais qu'elle appréciait déjà et dont elle refuserait de se passer à nouveau : la joie. La joie d'être reconnue comme apte, comme capable, exactement ce qu'elle était !
Même le fait qu'il pense que son parasite était sa sœur ne parvenait pas à étouffer ce sentiment qui la broyait de l'intérieur. Elle savait qu'enfin sa dévotion serait reconnue et bien placée. Enfin on reconnaissait son potentiel et on acceptait de le faire fleurir.
Se débarrasser de tout ce qui la bride ? Se débarrasser de Neyra ? Et y survivre ?
Elle se moquait bien de la galaxie, elle se moquait bien des autres, elle ne voulait être importante qu'aux yeux de cet homme. Elle ne demandait que ça et voilà que le Seigneur lui supposait que c'était désormais à portée de main.
Mevra n'avait pas besoin d'en entendre d'avantage.
Elle sourit de toutes ses dents en se penchant en une révérence appuyée :
- Mon Seigneur, acceptez ce que je vais faire comme gage de ma dévotion, de ma loyauté indéfectible et de ma foi envers vous.
Ses yeux s'étaient embrasés comme les flammes de l'enfer alors qu'elle se tournait vers son parasite.
Neyra comprit et secoua la tête, en essayant de se défendre :
- Mevra... s'il te plaît non... Pitié...
Sourde aux abois de sa cadette, elle regarda sa main et hésita une seconde sur la marche à suivre. Elle avait toujours rêvé de regarder la minable existence de son parasite s'éteindre sous sa main... Et maintenant qu'elle allait le faire, elle se demandait si elle devait utiliser ce pouvoir où sa seule force...
N'y réfléchissant pas d'avantage, elle attrapa purement et simplement la gorge de Neyra et se mit à appuyer en y enfonçant ses ongles. Son cœur se mit à palpiter à toute allure alors qu'elle respirait plus vite pour pallier à la suffocation qu'elle infligeait.
Son expression se tordit dans un plaisir sadique absolu alors que la cage thoracique de Neyra commençait à s'enfoncer sur elle même avec un sinistre bruit d'os qui craque. La pression dans la pièce augmentait avec anarchie.
Mevra pouvait sentir la Mort approcher avec une telle précision que s'en était exaltant. La moindre veine palpitait sous sa prise, elle pouvait sentir le relief des cervicales qu'elle écrasait et les palpitations anarchiques d'un coeur qui avait de moins en moins de place pour battre alors que les côtes se fêlaient sur toute leur longueur avec langueur...
L'aînée adorait la terreur qui tapissait les iris larmoyants de sa cadette. Elle sentait la mort qui rampait tout près, qui allait enfin cueillir cet immonde et pathétique parasite et la laisser seule.
Enfin seule !
Mevra était entrain d'écraser sa siamoise, dans tout les sens du terme. La haine qu'elle lui vouait surpassait de loin la douleur qui faisait crépiter sa queue en des mouvements indistinct et désordonnés. Neyra essayait de se défendre en vain et soudain tout s'arrêta.
Dans un grondement et un craquement atroce, Mevra finit de broyer les cervicales de son parasite qui hoqueta dans un gargouillement sinistre. Les côtes avaient perforés ses poumons et les avaient remplit de sang. Mevra lui arracha la tête, brisant la colonne à la base de la nuque avant de la jeter au sol aux pieds de son Seigneur.
La tête de Neyra rebondit mollement avec un bruit mouillé et s'écrasa sur sa joue en une grimace grotesque, la langue pendante et enflée hors de sa bouche, les yeux révulsés et injectés de sang.
L'expression figée pour toujours dans une douleur et une terreur absolue.
Le bras de Neyra tomba totalement inerte, claquant contre la chair et Mevra tangua, sa vision s'obscurcissant et valsant sous l'afflux d'adrénaline, de douleur et d'informations contraires que lui envoyaient son corps. Elle avait froid, elle suait, c'était bizarre et exaltant tout à coup de se sentir enfin seul avec soit... Elle sentait les veines à la base de la nuque trancher palpiter et s'y intéressa de près. Regardant avec une sorte de fascination morbide comment était relié la chair aux os et aux veines... Les sacs a venin étaient écrasés eux aussi et laissaient couler le poison le long des clavicules jusqu'à la rondeur de la poitrine...
Mevra se sentait mal mais aussi étrangement bien. La douleur était insupportable à un point tel que son corps en envoyait de moins en moins. Son seul bras tremblait à la soutenir contre le mur sur lequel elle avait trouvé appui, la gravité était de plus en plus intense et cherchait à la traîner vers le sol.
Elle se mit à rire doucement.
Chaque spasme de son rire nerveux et triomphal secouant le buste mort dont, à n'en pas douter, la nécrose avait déjà commencé. à chaque spasme la gorge tranchée gargouillait au son du sang qui en giclait.
Résistant à son corps qui lui suppliait l'inconscience, elle s'appuya sur le mur de tout son poids alors que le sang coulait de sa main.
Goutte à goutte dans le silence de la salle obscure.

L’Empereur observa ce qui se déroula ensuite sous ses yeux avec la plus grande attention. S’il avait pu douter de la dévotion de l’alien, le fait qu’elle choisit d’assassiner sa soeur siamoise de la manière la plus barbare qui soit suite à une simple phrase de la part du Seigneur Sith prouvait sa loyauté. Mais Palpatine continuerait à la tester. En permanence. Elle ne deviendrait une Main que si elle voulait être la meilleure.
Ce à quoi il assista était absolument barbare. Mais Palpatine avait déjà vu - et fait - bien pire. Il ne dissimula pas son sourire en voyant la Naga sombrer dans le Côté Obscur, et s’y abandonner pour trouver la force de tuer sa soeur, qui était une partie intégrale de son être. Il fut témoin silencieux de la scène, et n’en perdit pas une miette. Quand la tête de la siamoise fut aux pieds du Sith, il se mit à rire, de son rire singulier qui glaçait le sang.
« Impressionnant. Très impressionnant. Voilà une bonne chose de faite, n’est-ce pas ? Votre premier test est réussi. Mais je ne tirerais rien de vous dans cet état. Venez avec moi, nous allons vous soigner. »
Et par soigner, Palpatine n’entendait pas lui fournir de véritables soins, mais de simplement stabiliser son état. Il ne comptait pas encore lui laisser du répit. Il l’empêcherait simplement de mourir à cause d’une perte de sang ou d’un dysfonctionnement de ses organes. Il serait dommage d’avoir sacrifié deux Gardes Royaux pour rien. Il tourna le dos à la Naga en lui faisant signe de le suivre.
« Vous pouvez commencer par cautériser la blessure avec le sabre laser que vous m’avez ramené, pour stopper l’hémorragie. Mais si vous voulez devenir ma Main, je vais devoir continuer à vous tester. N’imaginez pas pouvoir vous reposer dans l’immédiat. Ce ne sera pas une surprise pour vous si je vous annonce que vous serez testée alors que vous êtes blessée. C’est là que je distinguerai votre véritable valeur, votre puissance et votre détermination. »

Le corps de Mevra n'avait jamais eus à souffrir de blessures aussi graves que celles-ci. Elle sourit faiblement en comprenant qu'elle avait satisfait son Seigneur et que sa preuve était suffisante, pour l'heure, à lui accorder la vie sauve et la suite de ses épreuves.
La main de la Naga tremblait, sous le joug de l'adrénaline, lorsqu'elle se saisît du sabre.
Cautériser...? Comme... Brûler ?
Elle activa le sabre qui s'alluma d'un rayon bleu dans l'obscurité de la salle. Elle se perdit une seconde sur la contemplation de cette lumière avalée par l'obscurité... Elle sentit cette noirceur l'envelopper dans un état cotonneux proche de la Mort mais dans lequel elle était étrangement très consciente.
Elle sentait de moins en moins la douleur.
D'un geste vif, maladroit mais précis, elle glissa la lame le long de la blessure qui se referma lorsque les chairs, le sang, les os et les veines à poisons fondirent en un seul agglomérat informe et carbonisé. Cette odeur de chair brûlée était vraiment étrange... Elle emplissait son nez à un point tel que l'odeur du maître s'effaçait, cela semblait coller à sa peau, ses vêtements...
Sa vue se brouillait et devenait floue par intermittence.
Elle eut besoin de quelques secondes de plus pour comprendre qu'elle allait être testée à nouveau...
Pour se réveiller et se donner à elle même l'adrénaline dont elle avait besoin pour avancer, elle frappa trois fois les côtes brisées de son deuxième buste. Cela envoya un éclair de douleur bienfaitrice qui la foudroya de la tête au bout de la queue et ses yeux s'ouvrirent en grand. Elle se mit à avancer derrière son Seigneur et hocha doucement la tête.
Il allait la soigner, puis la mettre à l'épreuve.
Elle plissa les yeux : parfait. Elle acceptait se défit et tout les autres jusqu'à la fin de sa vie pour satisfaire les attentes de son bienfaiteur.
- Merci mon Seigneur...

Sidious ne se tourna pas pour vérifier que la Naga le suivait. La réponse qu’il reçut, quelques secondes après, lui suffit amplement. Elle acceptait son sort sans broncher. Il la dirigea vers l’ascenseur qui les avait menés, lui et ses Gardes, jusqu’à ce sous-sol. Il était suffisamment spacieux pour que la Naga puisse y pénétrer entièrement, et Palpatine pressa un bouton en silence. Quelques instants plus tard, les portes s’ouvrirent sur des couloirs déserts. L’Empereur avait ses propres voies pour se déplacer librement dans son Palais Impérial. il guida son nouvel outil jusqu’à l’aire médicale, où il ordonna à des droïdes de la stabiliser. Programmés pour obéir sans poser de questions, les robots s’exécutèrent. Lorsqu’elle fut soignée, il lui fit signe de le suivre. Tout en avançant, il déclara :
« Vous êtes sensible à la Force, mais ne savez pas maîtriser ce pouvoir. Vos émotions vous rendront plus forte. Mais la puissance brute, seule, est inutile. Vous devez apprendre à maîtriser ce pouvoir qui est en vous. Sinon, vous ne m’êtes d’aucune utilité. »
Palpatine n’attendait aucune réponse, et ouvrit la porte d’une salle qui s’éclaira lorsqu’il y entra. Il s’agissait d’une salle d’entraînement. Deux gardes l’attendaient. Mais ceux-là n’étaient pas vêtus de rouge. Ils portaient une robe noire, et maniaient une arme d’apparence plus grande que les piques de force des Gardes Royaux. C’était la Garde de l’Ombre de l’Empereur. Ils virent entourer leur maître.
« Avancez au milieu. »
Cet ordre était à destination de la Naga, vers qui il ne s’était pas tourné pour autant. Elle le fit sans hésiter, et un sourire naquit une fois encore sur le visage du Sith.
« Je vous avais promis un test. Le voici. J’espère que vous n’avez pas oublié ce que je vous ai dit. »
Il fit un signe, et un de ses Gardes pressa un bouton, qui activa les six droïdes d’entraînement qui se trouvaient dans la salle. Mais ces droïdes étaient vêtus de bures Jedi et armés de sabres laser, pour mimer les Chevaliers de l’Ordre déchu. Sidious ricana en les observant avancer vers la Naga.

Mevra suivit sans discuter et sans rechigner. Durant le trajet silencieux, elle prit le temps d'observer son Maître dans la lumière toute relative des sous-sols... Elle ne voyait de lui que des mains aux doigts fins et fripés par l'âge, elle avait vu des rides autour de sa bouche.
Elle n'en fut que plus admirative.
La sournoiserie du Maître était plus maline que la sienne, il avait l'air d'un vieillard inoffensif et la Naga parierait volontiers sur le fait que plus d'un s'y était trompé.
Et avait fatalement trouvé la mort après une telle erreur...
Elle écouta attentivement fronça légèrement les sourcils, il ne lui avait indiqué aucune manœuvre à suivre !
Elle n'aspirait qu'à ça, contrôler son potentiel, mais comment ?
Pendant que les robots la soignaient, elle se sentit mieux et ses idées s'éclaircirent... Peut-être que c'était une énigme. Peut être qu'elle devait littéralement se servir de ses émotions au lieu de sa force.
Cela paraissait insensé.
Une émotion n'était pas une arme.
Plutôt un frein si elle croyait en ce qu'elle avait vu de son pitoyable parasite. Neyra l'avait crainte toute sa vie, et cette peur l'avait paralysée, elle n'avait jamais tenté de se rebeller ce qui l'avait rendue encore plus méprisable aux yeux de son aînée.
Mevra réfléchissait encore à la question quand ils se trouvèrent face à deux gardes en robe noire entourés de six droïdes qui portaient les mêmes vêtements que la chienne Jedi...
Elle obéit et s'avança au milieu. à son désavantage. Là où les attaques pouvaient venir de partout.
La Naga serra la poing et sa collerette se hérissa de nouveau alors que sa queue se mettait à sonner.
Elle se rua sur un premier droïde qu'elle désarma d'un coup de queue, comme un fouet, puis l'entoura de son corps entier et commença à le broyer.
Elle se rendit rapidement compte de son erreur : pendant qu'elle broyait, elle ne pouvait se déplacer.
Heureusement elle avait la Force.
Elle s'en servit plusieurs fois pour les maintenir en respect, sans que les droïdes n'en soient affectés. Ils revenaient sans cesse.
Le premier termina complètement broyé dans la force monstrueuse de ses anneaux et elle cracha son venin sur un des droïdes par réflexe.
ça ne fonctionnait pas : c'était des robots.
Une lame se planta dans sa queue alors que les droïdes lui montaient dessus, elle persifla de colère en les chassant d'un brutal coup de queue. Soudain les mouvements de ces adversaires semblaient... plus lent. Ou plutôt, elle arrivait à les prévoir... très peu de temps en avance. Mais assez pour esquiver. Elle se focalisa et se concentra sur cette perception nouvelle et esquiva. Un, deux, trois, quatre, cinq et une pluie de coups.
Plus elle esquivait et plus le temps d'avance qu'elle semblait avoir sur eux augmentait.
La rage affinait ses sens...
Tout semblait au ralentit.
Son souffle était court, un seul de ses poumons fonctionnait et la conscience de cet état nouveau lui fit comprendre que ces mouvements étaient limité. Alors, pour la première fois de sa vie, elle ne dût faire confiance qu'à ce pouvoir et non à sa force.
Le mieux, c'était de ne pas les laisser l'atteindre. Sa crête s’aplatit de nouveau sur sa nuque alors que la sonnette continuait de retentir.
Les mouvements des droïdes se firent plus difficiles, comme s'ils devaient avancer face à un courant d'eau puissant. Mevra leva le bras et l'air se chargea de nouveau d'électricité.
Elle repensa à toutes ses années de vies gâchées au service de minables incapable de reconnaître sa valeur.
Le dégoût la consumait.
Elle repensa à cette voix, à cette présence parasite incessante qui jamais ne la laissait en paix.
La haine la brûlait.
Elle repensa aux propositions de ces aînés et aux interdits qu'elle avait bravé.
La vengeance l'emplissait comme un poison.
Le courant forcit et les droïdes furent repoussés, centimètres par centimètres, jusqu'à atteindre les murs. La chevelure tressée de Mevra claquait dans son dos alors que son visage se tordait de colère.

Sidious observa la Naga se battre contre les droïdes. Comme il le pensait, son esprit fermé n’avait pas su interpréter les conseils qu’il lui avait donnés auparavant. Elle avait enserré un droïde dans ses anneaux, mais elle n’avait plus l’avantage de l’effet de surprise, pas comme avec les gardes de Palpatine. Les autres droïdes n’hésitèrent pas un instant à l’attaquer, et elle fut rapidement submergée. Les sourcils du Sith se froncèrent, et l’un des Gardes de l’Ombre se tourna vers lui. Sa déception transpirait, mais il restait immobile.
La Naga usait du pouvoir de la Force, mais maladroitement. Elle n’avait aucun contrôle sur elle-même, et était de fait incapable de contrôler le pouvoir qui était en elle. Elle était faible. Le Seigneur Noir des Sith allait se retourner quand il sentit quelque chose s’intensifier. Il ouvrit son esprit et lut en elle. Blessée, diminuée par la perte récente d’une partie d’elle-même, elle semblait avoir compris. Elle s’ouvrit à sa rage, et laissait la haine l’envahir. Face à une telle démonstration de force, les droïdes furent forcés de reculer, mais c’est à peine si Sidious et ses Gardes perçurent une brise, un courant d’air. Les trois restèrent stoïquement debout, immobiles. Tandis que la colère se lisait sur le visage de l’alien, Sidious prit la parole :
« Bien, moi qui commençait à croire que j’avais perdu mon temps… La colère, la haine et la douleur sont de puissants outils dans les mains d’un utilisateur de la Force. Tout n’est pas uniquement tourné autour de la puissance brute et débridée. Vous vous laissez submerger par vos émotions. Comme une enfant. Ils vous faut apprendre à les contrôler, et ainsi seulement pourrez-vous contrôler ce pouvoir qui est en vous. Il n’y a qu’ainsi que vous pourrez libérer votre plein potentiel. »

Mevra entendit les paroles de son Maître faire écho dans sa tête et y pénétrer avec une telle précision qu'elle eut l'impression que la voix de Palpatine la tranchait comme un scalpel...
Pour y graver dans la chair de sa charogne mentale ce qu'il attendait d'elle.
Le Naga se concentra sur la douleur qu'elle éprouvait, qu'elle avait appris à encaisser. Un droïde ne pouvait pas réellement le ressentir... Mais c'était tout comme. Elle projeta son bras en avant et les simulacres de Jedi volèrent contre les murs pour y rester cloué.
Ce qu'elle avait ressentit tout à l'heure... Cette surcharge de douleur, comme trop d'informations d'un coup, comme un de ces trafics denses sur les places de marchés. Un bruit indistinct et constant.
La douleur c'était ça, une place de marché sans cesse bondée où toutes les informations se mélangeaient au point de ne plus en discerner une.
Elle "poussa" de toutes ses forces pour forcer les créatures à ployer comme elle aurait dût le faire, mais elle tiendrait debout. Le droïde le plus proche, face à elle, celui qu'elle clouait du regard se mit à trembler quand ces circuits se mirent à surchauffer. Mevra sentait qu'elle était sur la bonne voie, elle voulait expérimenter plus.
Elle continua à appuyer jusqu'à ce que le robots commence à se désintégrer, mais elle ne voulait pas en finir trop vite. Alors elle le laissa en état de marche et s'attaqua à deux autres... Qui se mirent à trembler à leur tour, les boulons et les parties mécaniques sautant à mesure qu'elle pressait sa volonté sur eux.
Une sourire plein de jubilation taillait sa face. Mais elle ne faisait que commencer.

Tandis que devant ses yeux, la Naga découvrait ses nouveaux pouvoirs au fur et à mesure, un sourire naquit sur le visage du Seigneur Noir des Sith. Elle prenait ses marques, et semblait capable de détruire ces droïdes, bien qu’elle semblait manifestement vouloir faire durer le plaisir. Mais c’était mal juger le Sith si elle pensait que ces droïdes seraient ses uniques adversaires. Elle n’était pas la première à se rendre auprès de lui en tant que prétendant. D’autres étaient venus. Et la plupart avait échoué. Mais Sidious ne les avait pas tués, il avait préféré les emprisonner. Certains avaient été torturés, d’autres ont subi des expérimentations… Tous sont devenus fous.
Le Seigneur Sith fit un signe de la main, et ses Gardes comprirent instantanément son ordre. Tandis que l’Empereur était dirigé vers une cabine de contrôle isolée, les portes tout autour de l’arène s’ouvrirent, révélant quatre prisonniers. Certains étaient massifs, modifiés par les expériences du Sith et de ses savants fous. D’autres semblaient ordinaires en apparence. Mais tous étaient dotés de capacités différentes. Certains maîtrisaient la Force, d’autres étaient tellement lobotomisés qu’il ne pouvaient plus utiliser que leurs membres de la manière la plus primitive qui soit.
Lâchant un rire sadique, Sidious parla, et sa voix fut amplifiée par le système de hauts-parleurs de la salle :
« Le musée des horreurs vous souhaite la bienvenue. Faites attention, car vous pourriez vous retrouver à la place de l’un d’entre eux si vous échouez… Vainquez-les. Soyez sans pitié. Si vous en êtes capable, vous deviendrez mon agent. »

Mevra fut surprise de la brusque ouverture des portes, elle ne les avait pas distinguées dans l'obscurité, et la présence de Palpatine auscultait tout le reste dans la Force. Elle avalait les autres dans des ténèbres épais.
Voyant ses autres adversaires arriver, elle projeta à nouveau sa force sur les droïdes qui explosèrent en une pluie de boulons dans les grincements plaintifs du métal. Elle voulut dégainer son sabre laser, ça serait le moment idéal de le tester. Mais elle n'avait qu'une main...
Elle eût une brève idée et se focalisa dessus alors qu'un premier ennemi approchait, désarticulé et grognant dans un vague langage agressif. Elle haussa le sourcil, quelles étaient ces créatures ? ... Elles n'avaient plus rien de... normal.
Elle balaya rapidement ces questions futiles et se concentra sur son sabre. Avec un tremblement encore mal assuré, il s'éleva dans les airs, elle gardait son bras unique libre pour utiliser la Force. Elle les utilisait en alternant, encore incapable et trop peu expérimentée pour faire les deux à la fois.
Mais elle laissa son dégoût prendre possession d'elle en voyant comme ces créatures grotesques se traînaient, bavaient, grognaient. Tentaient de l'approcher. Oh comme ça la répugnait. Elle fouetta l'un d'eux au visage avec sa queue et le coup fut si puissant que l'ennemi alla se crasher dans un mur qu'il fendit comme un boulet de canon.
La sonnette ne s'arrêtait plus.
Une grimace méprisante et dégoûtée orna son visage et elle vit de nouveau arcs électriques s'agglutiner dans la salle... Tout à l'heure, elle ignorait si c'était elle ou le Maître qui faisait cela... Maintenant elle n'avait plus de doute. Elle tendit la main au plus loin et réunit tout ses ennemis pour les garder tous en vue. L'un d'eux avait tenté de l'étrangler et elle ne devait sa survie qu'au plongeon qu'avait fait son sabre sur la gorge de son ennemi.
C'était venu comme un réflexe.
Elle laissa plus d'adrénaline et plus de dégoût prendre possession de son corps, la prévenir du moindre mouvement, la faire danser ce slow mortel. Elle ne ratait pas un mouvement.
L'un de ses ennemis pus se défaire de son emprise et vînt vers elle, elle poussa encore de toutes ses forces et le vent forcit, les éclairs se mirent à apparaître à un rythme plus infernal. Ils essayaient de se débattre ces deux minables, ils essayaient de lui échapper ! Elle les sentait qui se tortillaient dans sa prise, qui la testaient pour y échapper. Elle les plaqua à nouveau contre le mur et tendit le bras comme si elle voulait étirer ses propres articulations.
Un bref éclair jaillit de ses doigts.
Elle triompha mais c'était trop bref, cela ressemblait à un simple coup de chance et elle refusait qu'il en soit ainsi.
La rage prit le dessus sur elle et elle la projeta tout à coup dans un cri furibond et un nouvel éclair jaillit. Enfonçant les ennemis dans le mur, les écrasants sous une force implacable. Le sabre vola à leur rencontre et en quelques brèves mouvements de plus en plus contrôlés, leurs têtes tombèrent une à une et elle laissa choir leurs corps désarticulés. Elle se tourna vers son Seigneur, essoufflée... Elle arrivait au bout de son endurance. Son sabre vola jusqu'à sa main sans qu'elle n'aie à le regarder et elle attendit la suite de ses épreuves.
Elle était toujours alerte mais l'épuisement commençait à la gagner. Elle puisait dans ses ressources déjà bien atteintes par la mort de son parasite... Elle avait froid de nouveau, mais elle n'avait plus envie de se reposer.
Elle voulait en apprendre d'avantage, malgré son souffle irrégulier qu'elle ne parvenait pas à retrouver depuis la dislocation des premiers droïdes.

L’attention de Palpatine était pleinement dirigée vers ce qui se déroulait sous ses yeux. Il leva un sourcil en voyant la Naga préférer utiliser la Force pour soulever son sabre laser et garder sa main libre. Elle faisait preuve d’une maîtrise brute de la Force, que Palpatine ne tarderait pas à brider, dans son propre intérêt avant tout. Il veillait constamment à ne pas conférer trop de pouvoir à ses Mains, qui n’étaient pas des Sith et ne seraient jamais destinés à l’être. Néanmoins, il n’était guère alarmé par la démonstration de force qui avait lieu dans le centre d’entraînement. La plupart de ses agents sensibles à la Force avaient des capacités semblables.
Sans grande surprise pour le Sith, la Naga vint à bout des créatures qu’il avait libérées, non sans effort. Cela satisfit l’Empereur. Ses Gardes s’étaient tournés vers lui, silencieux, attendant un ordre. S’il leur ordonnait, ils exécuteraient sans discuter la Naga. Ou ils l’enfermeraient dans l’une des cellules désormais vide, afin de servir de cobaye. Mais l’Empereur leur fit simplement un non de la tête, et leur fit signe de le suivre. Il devait bien admettre que les capacités de la reptile l’avaient impressionné.
Il sortit donc de sa cellule, tandis que des droïdes de nettoyage vinrent évacuer les cadavres et les carcasses de droïdes qui jonchaient la salle. Il avança vers la Naga, qui tenait maintenant son sabre allumé en main. Elle semblait essoufflée, mais Palpatine ne comptait guère lui faire de cadeau. Pour le moment, il se contenta d’avancer vers elle et déclara :
« Votre démonstration de force m’a impressionnée. Néanmoins... Pourquoi avoir perdu du temps et de l’énergie à faire flotter votre sabre ? Pensez-vous réellement qu’il est nécessaire d’avoir la main libre et de faire de grands gestes pour utiliser la Force ? »
Palpatine n’attendait pas de réponse. Il se contenta d’une démonstration. Il commença, à nouveau, à se saisir mentalement de la trachée de la Naga et à l’enserrer grâce à la Force, tandis que ses mains étaient jointes devant lui, immobiles. Il relâcha après quelques secondes.
« Il s’agit d’une perte de temps et d’énergie. Et vous ne pouvez vous permettre de perdre quoi que ce soit. A compter de maintenant, vous êtes à mon service. Vous me devez une loyauté absolue, et ne répondez qu’à mes ordres. Vous devenez une extension de ma volonté. Vous êtes la Main de l’Empereur. Vous ne répondez qu’à moi. Votre autorité, si nécessaire, est absolue. Le devoir s’achève avec la mort. Mais il vous reste un dernier test à passer. »
L’Empereur fit un geste de la main vers ses Gardes, et ceux-ci se reculèrent. Il faisait toujours face à l’alien et tendit les bras, dans une position ouverte. Il était vulnérable. Il ne dit rien, et ne laissa transpirer aucune émotion. Il fixait simplement la Naga de ses yeux jaunes, dissimulés sous sa capuche.

Mevra se tourna et écouta, elle n'avait pas l'habitude d'être celle qui s'écarte du chemin des autres, mais pour son maître ?
Elle ferait une exception.
Elle écouta et releva les sourcils, elle pensait avoir bien fait en conservant sa main libre mais la démonstration qu'il lui fit la convainquit du contraire. Sa trachée écrasée et son poumon unique qui brûlaient ne l'aidèrent pas le moins du monde à reprendre son souffle.
Pendant une courte seconde sa vision s'obscurcit alors qu'elle avait ouvert grand les yeux.
Il n'avait même pas bougé.
Mevra sentait son adoration grandir de secondes en secondes, si seulement un être aussi puissant avait été membre de sa tribu. Comme sa vie aurait été différente... Mais l'heure n'était pas à l’apitoiement, une existence nouvelle lui tendait les bras et la Naga allait l'enlacer de toutes ses forces.
Quand on Seigneur se tourna vers elle, elle attendit. Il ne dégageait rien, même son odorat ne lui rapporta aucune information qui puisse l'aiguiller sur ce qu'il désirait.
Puis elle crût comprendre, tout en ne le lâchant pas des yeux, elle se pencha en une révérence appuyée :
- J'attends vos Ordres, mon Seigneur.
Si quelque chose émanait de la Naga à présent, ce n'était rien d'autre que de la dévotion et de l'admiration. Elle avait réussit les tests du jour et cet homme avait la clef des portes de sa nouvelle vie, alors il ne lui semblait que d'autant plus juste qu'elle lui soit entièrement dédiée. Cela la satisfaisait bien plus que quiconque pourrait le comprendre.

Le Seigneur Noir des Sith observait quelle serait la réaction de la Naga, si elle choisirait de cet instant pour tenter de prendre l’ascendant sur lui. Il ne prononça aucun mot, et ses mains se joignirent à nouveau lorsqu’elle s’inclina devant lui et affirma être à ses ordres. Il sourit. Elle avait réussi le dernier test. Il ordonnait à certains de le tuer, il restait silencieux pour d’autres. Il avait estimé qu’elle était suffisamment sournoise pour tenter de l’attaquer, si elle le souhaitait. Mais elle avait clairement démontré que ce n’était pas le cas.
« Vous avez réussi ce dernier test. Il s’agissait de l’unique occasion de me tuer que vous auriez jamais. Maintenant que votre loyauté m’est assurée… Je n’ai pas tout à fait terminé. Je me fais vieux, alors il serait bon de reprendre les bases... »
A ces mots, il dégaina un de ses sabres laser dissimulés dans sa bure, et l’activa.
« Il s’agit d’un dernier duel pour vous. Normalement, ce sont mes Gardes qui se chargent de cette formalité, mais j’ai décidé de prendre moi-même les choses en main. »
Il se tint droit, sabre vers le sol dans une position ouverte. Il avait tendance à être agressif et porter le premier coup, qui était la plupart du temps dévastateur. Et cette fois-ci ne dérogea pas à la règle. il glissa soudainement au sol, tel un spectre, et leva le sabre pour porter un coup en direction de la gorge de la Naga.

Le tuer ? Non, Mevra n'en aurait jamais l'envie, elle le ferait s'il l'ordonnait, mais jamais elle ne le voudrait.
On assassine pas une divinité.
Elle vit un sabre glisser, comme aimanté, dans la main de Palpatine et la splendide couleur rouge de la lame laser la charma. Elle rayonnait dans l'obscurité, la découpait, resplendissait de toute sa beauté.
Le rouge, avec l'or, était sa couleur préférée.
Elle esquissa un sourire honoré et prit sa propre arme, elle l'activa du pouce et, en comparaison, la rouge lui parût encore plus belle.
Elle n'avait qu'à peine eut le temps de s'armer que, déjà, son Seigneur attaquait, et elle n'avait dût sa survie qu'à un instinct qui lui avait crié de se redresser sur sa queue. Sa colonne s'était creusée pour éviter l'impact. Il semblait se déplacer comme...
Comme une sorte de spectre, en glissant, comme elle, mais sur l'air.
Il fallait absolument qu'elle mette de la distance entre elle et lui sinon elle serait désavantagée. Vive comme l'éclair, sa queue fouetta l'air et le sol autour d'elle pour repousser ou faire tomber quiconque se tiendrait trop près. Elle se concentra sur le sabre, c'était ça qu'il voulait lui faire utiliser, c'était cela qu'elle utiliserait. Elle porta un coup d'estoc, droit devant au centre masse de la cible. Coup aisément dévié alors elle se servit de l'élan de cette parade pour asséner un coup en biais tout en esquivant.
Elle ne savait pas comment était la force physique de son Maître, elle se demandait si elle était de taille avec un seul bras contre deux. Mais elle était entraînée, durement, elle avait fait cela toute sa vie. Alors au lieu d'une esquive, elle tenta une parade, bandant tout les muscles de son bras valide.

L’Empereur avait anticipé le fait que la Naga utiliserait son corps imposant pour tenter de le déstabiliser, et son élan ne fut guère affecté par cette attaque. Cependant, il ne put faire autrement que parer une véritable attaque au sabre portée en direction de son estomac. Une attaque mortelle, suivie d’une seconde en biais, qui lui couperait la tête si elle touchait au but. Mais Sidious se pencha d’une manière presque impossible pour un corps humain, esquivant le coup aisément. Il glissa d’un pas sur le côté, un sourire aux lèvres. Il prenait un malin plaisir à utiliser un sabre laser, l’arme soi-disant noble des Jedi, et de parodier leurs ridicules formes, pervertissant une de leurs caractéristiques les plus connues.
Sans un mot, Palpatine bondit sur le côté puis, à son tour, attaqua avec un coup d’estoc, lançant son bras en avant. La Naga para son coup, et il la sentit presser en usant de sa force physique, qui était indéniablement conséquente. Mais le Seigneur Noir des Sith jouait beaucoup de son apparence. Il avait réussi à parer des coups bien plus puissants. D’une main, il combattait la force de son adversaire avec la sienne. Il fit durer cela pendant plusieurs secondes, avant de ricaner sournoisement, et il pressa davantage, prenant le dessus sur la Naga. Il la repoussa d’un coup de pied dans l’abdomen, mais ne la poursuivit pas. Il s’immobilisa et l’observa, un sourire aux lèvres.
« Vos techniques sont peu orthodoxes, c’est intéressant. Vous apprendrez à utiliser votre corps comme un atout, et développerez un style qui vous sera propre. Maintenant, attaquez-moi à nouveau. »

Mevra n'observait pas son Maître seulement pour savoir d'où venaient les attaques. Elle l'observait pour analyser ses mouvements, les apprendre, les retenir, jusqu'à ce qu'elle puisse construire une défense instinctive basée sur la façon de combattre de son adversaire.
Cette manœuvre avait payé plus d'une fois.
Elle avait apprit les mouvements de chaque membre de son clan, était capable de les vaincre tous car elle avait appris chaque faille, chaque ouverture, chaque brèche dans leur garde. Les plus forts n'en avaient qu'une ou deux qui ne se présentaient qu'après plusieurs minutes de combat. Lorsqu'elle s'était attaquée pour la première fois aux Nagaïs, son apprentissage avait payé car elle avait en elle toutes les techniques de ses confrères guerriers. Elle avait toujours cherché à apprendre du meilleur et le meilleur c'était le chef de son clan, sans aucun doute, c'était bien pour ça qu'il était le chef.
Les Nagaïs eurent beau reconnaître les styles de combat de leurs ennemis de toujours, les mouvements s’enchaînaient dans une danse bâtarde de chacun d'eux au point qu'ils ne parvenaient pas à prédire les mouvements de Mevra.
Elle même ne les prédisait pas.
Elle s'était durement entraînée pour que les mouvements lui viennent aussi naturellement qu'une respiration. C'était cela son arme la plus efficace, un instinct inné pour le combat. En même temps qu'elle se défendait, elle étudiait les failles de son adversaire et se plaçait de sorte à le coincer. Tôt ou tard il y avait une brèche qu'elle ne manquait pas et quelques blessures en étaient un juste prix...
Cette méthode d'enseignement avait également pour conséquence de forcer ses ennemis, même mortels, à lui apprendre leurs techniques. Le cornu et la chienne Jedi avaient été de brèves rencontres, mais très riches d'enseignements.
Si elle ne pouvait pas bondir comme le Zabrack, elle savait maintenant comment le parer et une capture au vol serait des plus fatales pour ces guerriers bondissants. Ils étaient plus légers, mais aussi plus fragile qu'elle, ses anneaux les broieraient sans difficulté.
Quant à la chienne, c'était ses déplacements, mesurés, économes, optimaux, qu'elle avait mémorisés. Elle ne se déplaçait que le minimum nécessaire à son combat et cela suffisait.
Dans une situation ou Mevra n'avait plus qu'un poumon sur trois, cet enseignement était plus qu'utile.
Enfin, il y avait son Maître. Spectral. Insaisissable. Souple comme un félin. Dont les ressources lui étaient encore inconnues. Il était plus difficile de combattre lorsqu'on ne connaissait pas son adversaire.
Mais c'était également plus exaltant.
Elle pensa qu'il serait insultant de ne pas tout donner face à son Seigneur et puisqu'il ordonnait une nouvelle attaque, elle allait tout donner. Elle s'était concentrée jusque là sur ses guidances brèves, parfois un peu trop subtiles pour elle. Maintenant, à elle de montrer qu'elle avait retenu !
Elle s'avança au centre de la pièce et se dressa de toute sa hauteur, prétendant à une attaque frontale qu'il esquiva bien évidement. Elle avait plongé juste assez pour donner le change et anticipa où il bondit et atterrit, giflant l'air en tentant de s'emparer de lui avec sa queue. Il avait de nouveau esquivé. Elle continua à tenter, utilisant tour à tour, le sabre, la Force, son corps. Elle commençait à mémoriser, même si les déplacements de son Maître semblaient anarchiques, ils obéissaient à une logique bien plus subtile qu'un œil non entraîné n'aurait put le soupçonner.
Elle commença instinctivement à l'imiter, tout en limitant ses déplacements. Elle cherchait à contrôler ces mouvements, à décider d'où il se déplacerait, à le fatiguer, jusqu'à voir une brèche. Il y en aurait une. Il y en avait toujours une. Tôt ou tard...
Sa technique au sabre témoignait de son inexpérience mais on y retrouvait les mouvements élégants qu'elle avait apprit du cornu et la sournoiserie des gestes précis et trompeurs de son Maître.
La Naga apprenait vite.

Après avoir ordonné à la Naga d’attaquer, Palpatine n’eut pas à patienter longtemps pour la voir se dresser puis plonger vers lui. Il eut un sourire en coin, étant lui-même adepte d’une technique similaire. Il bondit avec agilité pour esquiver la puissante attaque, et avait anticipé l’assaut suivant de la Naga. Sa queue claqua dans l’air, là où le Seigneur Sith aurait dû se trouver, s’il n’avait pas à son tour plongé, accélérant sa chute pour éviter le coup. Son sabre devant lui, il parait les assauts de la Naga, et remarquait qu’elle s’adaptait à lui au fur et à mesure que l’affrontement se prolongeait.
Elle tentait de prendre le dessus, mais Sidious voyait clair dans son jeu. Il avait affronté les plus grands bretteurs de l’Ordre Jedi, Mace Windu et Yoda, et il leur avait tenu tête sans trop de difficultés. Ce n’était pas une novice qui allait lui faire peur. Un sourire aux lèvres, il restait tout de même pour la défensive, adoptant au fur et à mesure plusieurs des formes maîtrisées par les Jedi. Ainsi, la Naga connaîtrait au moins partiellement le style remarquable de certains des ennemis de l’Empire. Sidious avait lui aussi étudié attentivement et maîtrisé ces styles, et il était parfaitement capable de les contrer.
Après quelques minutes d’échanges de coups, Sidious revint à son style personnel, et commença à contre-attaquer de manière agressive. Il prit rapidement le dessus, se déplaçant à une vitesse impressionnante et cherchant à porter des coups censément fatals. Coups d’estoc, frappes visant la gorge ou le visage, ou attaquant sur l’angle mort de la Naga. Il finit par la désarmer, son arme volant au sol. Le Sith pointait son sabre vers la gorge de l’alien, et prit la parole :
« Ce combat a assez duré. Vous avez beaucoup appris et progressé, c’est impressionnant. Vous avez réussi ce test haut la main… Quel est votre nom, Main ? »