« And take my past, and take my sins... » Ft Grievous.

Il était difficile d’oublier son ancienne vie après tant d’années passées à n’être motivé que par une vengeance infinie, une ferveur qui ne s’estompait jamais, malgré le sang versé. Il avait été forgé par la guerre, et pendant des années, n’avait connu que cela. Le Kaleesh désormais connu en tant que Grievous avait été un soldat, un amant, puis un leader. Il avait commis des choses terribles au nom de diverses causes. Certaines légitimes. D’autres se sont révélées n’être qu’une création d’un être assoiffé de pouvoir, un tissu de mensonges qui ne serait jamais que cela.

Mais Grievous était aussi un criminel, et il le savait. Après la guerre, après sa mort, il avait eu tout le loisir de réfléchir sur ce qu’il avait fait. Au nom d’une guerre qui n’était jamais vraiment la sienne, au nom d’une vengeance qui n’avait aucun sens. Il n’était pourtant pas un être de regrets. Ses émotions, il les avait enterrées lorsqu’il prit le deuil pour identité, il y a des années. Lorsqu’il jura devant ses dieux de ne plus jamais faiblir. Ce qu’il avait fait, il en était conscient. Il ne le regrettait pas - du moins dans la majorité. Car à l’époque, sa croisade folle était justifiée à ses yeux. Ses actions avaient du sens. Même si, au final, il avait plus fait cela pour lui-même que pour son peuple.

Ainsi, suite à sa disparition aux yeux du public; Grievous n’a jamais cherché à faire amende honorable et à se racheter auprès des peuples de la Galaxie, ou de ceux qu’il a blessés. La seule chose qui comptait à ses yeux était de laver son honneur aux yeux de ses dieux afin de pouvoir un jour retourner sur Kalee sans honte, et les rejoindre après sa mort. En cela, le retour miraculé de celle qui fut sa femme fut une opportunité inattendue. Sans elle, il ne serait probablement jamais retourné auprès des siens, et aurait continué à traquer ceux qui, à ses yeux, lui avaient fait du mal. Les Jedi, mais aussi ce qui restait des Séparatistes. Et probablement Sidious, devenu Empereur Galactique. Jamais il n’aurait pu le tuer, il le savait. Mais il préférait mourir en essayant que de vivre dans la honte à jamais.

Du moins, c’est ce qu’il pensait. Il pensait aussi que si ce n’était pas lui qui chassait les Jedi, eux le chasseraient pour ce qu’il a commis pendant des années. Et pourtant, personne ne vint jamais après lui. Aucun des Jedi qu’il a combattus, ni même un qui serait revenu d’entre les morts par le même moyen que sa femme. Et lorsqu’il parcourait les rues bondées des mondes de la Bordure Extérieure, il était certain que tout le monde l’avait reconnu. Il n’avait jamais vraiment cherché à être discret : difficile, quand on était un cyborg de plus de deux mètres, et qu’on commandait il y a peu de temps encore les armées droïdes qui combattaient partout dans la Galaxie.

Personne ne vint le pourchasser. Ni les Jed, ni même l’Empire, pour des raisons qui autrefois lui échappaient mais qui aujourd’hui étaient évidentes : il n’était plus une priorité, ni une menace. Pourtant, plus de cinq ans après la fin de la Guerre des Clones et sa disparition du devant de la scène, il avait appris qu’on le pourchassait. Son nom avait apparemment été évoqué par les gouvernements, notamment la République. Il avait vu son visage sur l’Holonet. Quelqu’un était après lui. Une personne. Anakin Skywalker. Héros de la Guerre des Clones. Jedi le plus prometteur de sa génération… Mais aussi pantin de Sidious. Exécuteur qui mit à feu et à sang des mondes au nom de l’Empereur. La nouvelle de sa trahison et de la mort de Palpatine était parvenue jusqu’au Kaleesh. Pour cela, il le respectait.

Mais Grievous avait toujours eu une certaine peur des utilisateurs de la Force. Cette énergie qu’il ne maitrisait pas, qui pouvait le mettre à mal d’une simple pensée. Il avait développé des tactiques pour la contourner, mais doutait qu’elles soient d’une quelconque efficacité face à un Jedi du calibre de Skywalker.
Il avait donc décidé de l’affronter selon ses termes. Il avait quitté Kalee, sa maison et sa femme, malgré les protestations de celle-ci. Il savait très bien que les chances qu’il revienne en vie étaient infimes. Mais s’il devait mourir sabre à la main, alors son heure était venue. Il devait se fier au jugement de ses dieux, et l’accepterait sans broncher. Il n’avait pas dissimulé ses traces, au contraire. Il souhaitait être trouvé. Car il avait choisi avec précision le lieu de la confrontation : Ajan Kloss. Ancienne planque rebelle. Preuve manifeste de l’hypocrisie de Skywalker, qui avait probablement blessé plus d’âmes en cinq ans que Grievous durant toute sa vie.

Errant dans la base, le bip d’alerte d’un senseur lui signala l’arrivée d’un vaisseau dans l’atmosphère. Son bourreau était là. Le vieux guerrier, vêtu de sa cape, vint alors se placer à l’extérieur des ruines, sur une plateforme où se trouvaient les restes calcinés de végétation - et probablement de cadavres. Les mains croisées dans le dos, il attendit, tous ses sens à l’affût. Grâce à ses oreilles désormais mécaniques, il pouvait entendre les bottes lourdes du Jedi qui s’approchait. Puis enfin il le vit, de front. Le visage d’un homme pourtant jeune, mais marqué par ses expériences. Les Kalee étant une espèce reptilienne, leurs traits étaient naturellement très marqués. Mais à force de côtoyer des humanoïdes, Grievous avait appris à lire sur leurs visages. Comme lui, Skywalker portait un masque de guerre. Quand il prit la parole, le Kaleesh se planta sur place, face à lui, mais garda les mains dans le dos.

« Well hello there, Skywalker. I see you finally found me. I’m surprised it took you five years, I wasn’t trying to hide. What happened to the ruthless Jedi you were ? »

Grievous le provoquait volontairement. Il savait très bien pour quelle raison Skywalker le chassait, en aucun cas pour une vendetta personnelle. L’ancien homme se faisant appeler Darth Vader osait se tenir devant lui pour le traduire en justice ? Quelle ironie. Tous deux savaient que ni l’un ni l’autre n’étaient innocents. Mais il semblait que seul Grievous savait qu’être à la fois juge, jury et bourreau était une quête futile.