❝ Are monsters born or created? ❞ ft. Anakin Skywalker

Vaylin se souvenait à peine de son enfance, de la partie où elle avait été heureuse, celle où sa mère l'avait aimé et où elle avait été innocente. Quand elle y songeait, elle se souvenait de Nathema, de la souffrance et des expériences que Jarak avait mené sur elle. Et jamais elle ne pourrait les oublier, son corps en portait des marques définitives, ses bras étaient marqués par les tatouages et son front par quelques implants qu'elle avait hérité de cet enfer. S'il y avait un endroit qu'elle haïssait plus que tout dans cette galaxie, c'était Nathema. Et pourtant, elle avait conscience qu'un jour, elle devrait y retourner. Mais l'heure n'était pas encore venue, pour l'heure, elle ignorait encore comment briser le conditionnement qui enchainait son esprit depuis tellement d'années, elle ignorait comment le faire sans Jarak mais ce dernier était mort depuis plus de trois milles ans.
Les cinq dernières années, à défaut de briser son conditionnement mental, Vaylin les avait passé à reconquérir Zakel et rendre à sa monde natale sa splendeur d'antan. Assise dans la salle du trône, elle ne possédait plus la Flotte Eternelle, détruite depuis des millénaires, elle aussi mais elle possédait encore un trône et un peuple. Comme par le passé, les bâtiments de la Flèche s'élevaient bien au-dessus des nuages, bien plus haut que l'atmosphère naturelle de la planète et la ville prospérait à nouveau depuis que, comme son père avant elle, elle avait rétabli une égalité au sein du peuple. Il n'y avait plus de pauvres, ni de riches. Qu'un seul peuple qui vivait dans une harmonie illusoire mais agréable, un peuple qui n'était pas déchiré par des différences sociales et qui passait plus de temps à se divertir qu'à se soucier de la politique. Et pour cela, ils aimaient leur impératrice éternelle, qu'importe la cruauté dont elle faisait preuve, elle était celle qui avait rétabli la prospérité de Zakel. Et elle recevait de leur part l'amour qu'elle n'avait jamais eu auparavant. Un amour qu'elle prétendait de ne pas vouloir, dont elle se moquait éperdument car depuis bien longtemps, son cœur était fermé à toute émotion positive.

Assise sur le trône éternelle, Vaylin avait une vue sur la planète et l'espace. La salle du trône, composée d'un dôme transparent, s'élevait si haut d'en l'espace qu'elle dominait la planète. Elle observait le sol, cet endroit même où Arcann avait ôter la vie de Thexan des décennies auparavant et elle se souvenait de la trahison d'Arcann qui s'était allié à l'Étranger, à leur père et leur mère. Elle ne pouvait lui pardonner son acte, elle ne pouvait lui pardonner cette trahison après tout ce qui leurs parents leur avaient fait. Thexan aurait compris, Thexan serait resté à ses côtés. Il avait toujours été là, il avait été le seul à lui rendre visite durant ses longues années de captivité sur Nathema et il lui avait, chaque fois, rapporté des cadeaux des mondes qu'il avait visité. Mais il était mort et aujourd'hui, Vaylin se souvenait à peine de lui, elle se souvenait de l'image qu'elle avait de lui et qu'elle chérissait.
Vaylin se souvenait aussi de la trahison de leur mère qui n'était revenue la chercher que lorsqu'il était trop tard et qui, plus tard, avait tenté de la tuer. Elle ne méritait pas sa pitié, ni son pardon. Aucun d'entre eux ne le méritait. Désormais, elle était et resterait seule ! Elle avait beau s'entourer de personnages compétents, aucune d'eux n'avait son entière confiance. Elle savait que la trahison était partout et qu'à tout moment, l'un d'eux pourrait lui tourner le dos. Et il mourrait à l'instant même où il essayerait.

Mais à cet instant précis, ce n'était plus le passé qui occupait l'esprit de l'Impératrice mais bel et bien l'avenir. Un avenir glorieux qui s'offrait à elle tandis qu'elle espérait prochainement une rencontre avec la Nouvelle République. Depuis son arrivée, elle avait suivi de loin
ce qu'il se passait dans le reste de la galaxie et avait su, dès leur première rencontre, qu'elle ne pourrait trouver aucun arrangement viable avec l'Empereur Sith. Seulement aujourd'hui, il était mort ou prétendait que c'était le cas et elle entrevoyait une possibilité d'alliance avec la Nouvelle République. Une alliance qui ne durerait que le temps qu'elle voudrait, jusqu'à ce qu'elle fasse le choix d'établir de nouvelles colonies dans la galaxie mais pour l'heure, elle avait besoin de faire affaire avec eux. Zakel était une planète qui, malgré son apparente richesse, manquait cruellement de ressources qu'elle ne pourrait obtenir qu'en commerçant avec d'autres.
En attendant une quelconque signe de la République, elle avait fait entendre parler d'elle jusque dans les Mondes du Noyau, suffisamment pour attirer l'attention de l'ancien apprenti de Dark Sidious, redevenu le Jedi Anakin Skywalker. Beaux idéaux étaient les siens mais Vaylin les détestait. Les Jedi, les Sith, tout cela ne représentait rien pour elle. Il n'y avait que la Force et la puissance qu'elle pouvait en tirer, de la Lumière comme de l'Obscurité. Les Sith et les Jedi n'étaient les deux faces d'une seule et même Force et ils s'affrontaient de manière puérile depuis des milliers d'années. Cela avait commencé bien avant sa naissance et continuerait bien après sa mort.

Dès l'instant où il avait atterrit sur la planète, elle avait senti sa présence plus forte, elle avait senti sa puissance mais une fois de plus, elle ne la redoutait pas tellement. Elle ne craignait pas cette rencontre alors qu'elle était en position de force, elle était chez elle, dans son monde natal et personne ne connaissait mieux l'endroit qu'elle et son peuple.
Le trône émit un petit son alors qu'un léger point lumineux apparut sur son accoudoir. Vaylin appuya sur le bouton et un hologramme apparut, l'informant de l'arrivée du Jedi.

« — Let him in. »

Son ton était distant et froid, celui d'une impératrice pleine d'arrogance et un brin cruel. Alors quand Anakin Skywalker pénétra dans la pièce, elle ne se leva de là où elle était assise, l'observant traverser le long pont depuis l'ascenseur qui l'avait mené ici jusqu'au trône.

« — Welcome to Zakuul, Jedi Knight. How are you a Master? I don't know how your Order works. »

Qu'avait-elle à craindre ? Il était venu à bout de Dark Sidious, preuve que ce Jedi, auparavant un Sith, était puissant. L'était-il plus qu'elle ? Elle l'ignorait et n'était pas là pour le découvrir. Malgré son attitude hostile à son égard, elle n'avait pas l'intention de se battre. En tout cas, pas s'il n'initiait pas le geste.
Sa réponse ne plut guère à Vaylin. S'il trouvait que le titre n'avait pas d'importance, le sien à elle en avait. Elle était impératrice et elle ne laisserait personne la traiter autrement que ce qu'elle était. Peut-être avait-il peu d'intérêt pour son titre à lui mais elle tenait au sien, elle avait travaillé si dur pour l'obtenir. Elle avait tant souffert et méritait cette place plus que quiconque. Elle ne dirigeait peut-être plus la galaxie mais elle n'oubliait pas qui elle avait été dans le passé, pas plus que qui elle voulait devenir dans cette nouvelle époque.

« — Zakuul is prosperous but as you can see it, we have no ressources of our own. »

Pour accompagner ses paroles, elle fit un geste pour désigner la planète qu'ils pouvaient voir à travers cette immense salle vitrée. Le trône éternel était érigé si haut dans l'atmosphère qu'il offrait une vue magnifique sur tout ce qui les entourait, sur l'espace tout comme sur la planète.

« — But as a Jedi, I doubt you can help me. So why are you here? »

Ce n'était certainement pas pour le tourisme. Mais elle savait également que les Jedi, pendant longtemps, avait voulu sa mort. Pas ceux de cette époque, pas qu'elle sache. Mais elle pouvait s'attendre à tout puisqu'elle n'était pas la seule à avoir traversé le temps et l'espace. Pourtant, il semblait moins hostile à elle que ce qu'elle ne l'était à lui. Était-il simplement curieux ? Voulait-il s'assurer qu'elle n'était pas une menace ? Pourtant, c'était le cas. Elle en était une et elle n'était pas prête à s'adoucir. Son cœur était endurci par des années de souffrance et de solitude, fermé à l'amour et la compassion pour ne laisser ressortir que le pire d'elle-même : l'arrogance et la cruauté.