My enemies are in power (Din & Satine)

Mandalore. Depuis cinq ans, Satine n'avait eu de cesse de penser à sa planète natale. Ne pas pouvoir y retourner avait été une torture insoutenable pour elle. Mais elle avait du l'endurer, car y retourner aurait été bien déraisonnable. Pas seulement pour elle mais pour Mandalore...
Satine avait conscience que sa planète n'était plus celle qu'elle avait laissé derrière elle à sa mort, qu'elle n'était plus ce lieu pacifique qu'elle avait tenté de construire au cours du temps qu'elle avait passé au pouvoir en tant que Duchesse.
Ce n'était pas juste contre l'Empire que Mandalore avait du se dresser mais aussi contre ses déchirements intérieurs, ceux qui existaient depuis si longtemps, trop longtemps...
Que n'aurait-elle pas donné pour pouvoir intervenir, faire quelque chose, n'importe quoi...
Maintes fois elle avait dû se faire violence, maintes fois elle avait souffert plus que de nature tout en fermant les yeux sur les horreurs qui se passaient sur sa planète natale, sur la situation qu'avait à subir sa propre sœur...
Elle n'avait pas bougé, elle n'avait rien fait.

Enfin... Elle s'était battue, à sa façon. Elle avait aidé à ce que la Coalition Rebelle parvienne à prendre le dessus sur l'Empire. Elle l'avait fait avec l'espoir qu'enfin, lorsque ce régime tyrannique ne serait plus, Mandalore pourrait souffler un peu. Qu'il lui serait alors possible d'aider son peuple.
Les choses n'étaient jamais aussi simples qu'on le souhaitait cependant.
C'était un fait que Satine avait appris il y avait bien longtemps maintenant, bien avant que Maul ne la transperce du Sabre Noir, bien avant que cette perturbation dans la Force ne lui donne la chance de revenir à la vie.
Retourner chez elle demandait du courage et de l'aplomb.

Car sur Mandalore, le passage de l'Empire ne saurait être caché. Des bâtiments en ruines, des morts innombrables, des cicatrices qu'il serait peut-être à jamais impossible de réparer.
Le chaos qui lui avait sauté aux yeux indéniablement alors même qu'elle n'avait pas encore foulé concrètement la terre de Mandalore. Cela avait continué d'empirer alors qu'elle avait rejoint le palais et qu'elle avait retrouvé sa sœur.
Que pouvait-elle bien faire, finalement ?
Pendant plus de cinq longues années, elle était restée sourde à la souffrance de Mandalore et les conséquences se révélaient bien plus lourdes que ce qu'elle l'aurait voulu...
Son peuple lui pardonnerait-il ?
Elle-même n'était pas certaine de le pouvoir. Mais si Bo-Katan la laissait, elle resterait sur Mandalore, elle tenterait de réparer ce qu'elle pouvait, de l'y aider si elle le voulait bien.
Redevenir Duchesse n'était pas son objectif, le pouvoir lui avait toujours bien peu importé au final. Tout ce qu'elle voulait c'était permettre au peuple de Mandalore de se relever, de panser ses plaies et d'avancer, coûte que coûte.

Satine n'était pas certaine de pouvoir parvenir à tout ça, elle n'était pas certaine de savoir si sa sœur souhaitait vraiment qu'elle reste ici et qu'elle vienne se mêler de la façon dont elle entendait à présent gouverner Mandalore.
Mais elle refusait de partir sans même essayer ou sans même tenter de donner quelques conseils à Bo-Katan.
Le pacifisme n'était malheureusement pas toujours la réponse à tout, c'était une vérité qu'elle avait appris à ses dépends... Peut-être avait-elle eu tort de vouloir totalement rompre avec les traditions Mandaloriennes d'antan.
Mais Satine ne voulait pas non plus que Mandalore redevienne un peuple guerrier, meurtrier... Pourquoi ceux qui aspiraient à la paix ne pouvaient-ils pas être autre chose que des combattants ?

En attendant de pouvoir réellement faire quoi que ce soit, Satine s'était quand même vu le droit de rester sur Mandalore, Bo-Katan ne semblait pas vouloir la chasser. Sa sœur l'avait fait installer dans un entrepôt à l'écart du palais, histoire que sa présence ne soit pas encore découverte.
C'était un fait sur lequel elles avaient réussi à se mettre d'accord au moins, Satine ferait mieux de taire son retour sur Mandalore pendant quelques temps.
Elle était ici depuis à peine une journée mais le temps lui avait paru être multiplié par trois.
Tout lui semblait si hostile et étranger, ne cessant de meurtrir ce trou dans son cœur.

Au moins, elle n'était pas sans occupation, malgré tout, elle faisait toujours partie de la Coalition Rebelle et reconstruire la République n'était pas sans repos. Loin de prétendre avoir un rôle central dans cette reconstruction, elle était cependant consciente que toute aide était la bienvenue.
Installée d'une façon tout à fait contraire à celle du rang qu'elle avait un jour porté, l'attention de l'ancienne Duchesse finit par être détournée, lorsqu'elle entendit du grabuge à l'extérieur de l'entrepôt.
Se relevant, elle s'était avancé un peu, tout en éteignant les quelques lumières qui se trouvaient ici. Depuis l'agression de Maul, elle avait souvent ressenti la peur et l'angoisse, l'appréhension d'être de nouveau attaquée. Cela l'avait souvent empressée et terrorisée les premiers temps...
Depuis lors, elle ne quittait jamais un blaster tout à fait modeste mais fonctionnel, bien qu'elle ait toujours détesté se servir d'une arme. D'ailleurs, elle ne se souvenait pas avoir eu besoin d'en faire usage depuis longtemps.

Satine était loin d'être une idiote, perdue dans les fantaisies d'un pacifisme absolue cependant et elle serait prête à se défendre si besoin était. Cependant, dès que les portes s'ouvrirent, elle sut qu'elle n'aurait pas besoin d'arriver à de telles extrémités.
Un Mandalorien lui faisait face et semblait plutôt surpris de la trouver ici, ce qui n'était guère surprenant pour elle en revanche, étant donné ce qu'il lui annonçait en lui tendant le palet, à présent seule source de lumière de l'entrepôt.

Un pâle sourire étira les lèvres de l'ancienne Duchesse, tandis qu'elle tendait la main, attrapait le palet et l'observait. Ainsi donc, on avait mis sa tête à prix ? Elle aurait aimé pouvoir dire que cela l'étonnait mais il n'en était rien.
La nouvelle de sa survie n'était plus un secret depuis un moment, même s'il lui semblait qu'elle ne s'était pas tant ébruitée que cela. Sans doute était-ce là l'objet d'une vengeance. Sa sœur était-elle au courant, lorsqu'elle avait accepté de cacher sa présence sur leur planète natale ?
Elle se promit de poser la question à Bo-Katan plus tard.
Pour l'instant, elle releva les yeux vers le guerrier Mandalorien. Sa sœur lui en avait brièvement parlé durant leur entrevue un peu plus tôt mais Satine ne savait pas grand chose de lui en définitive. Simplement qu'il faisait partie de ces voyageurs du temps. Et qu'il partageait le pouvoir de Mandalore avec sa sœur.

« J'ai bien peur que ce soit bien moi, en effet. »

Satine s'apprêtait à parler de nouveau, rallumer les lumières, inviter le Mandalorien à s'installer et à discuter un moment mais de nouveau, son attention fut attirée par ce qu'il se passait à l'extérieur.
Elle savait trop bien reconnaître le son d'un blaster et celui de corps qui tombaient à terre.
Ni une ni deux, elle se saisit du blaster qu'elle portait toujours sur elle, attrapa son nouveau compagnon de fortune par le poignet et l'incita à la suivre. Bo-Katan avait certainement eu l'idée du siècle en la cachant ici...
Trouvant refuge derrière un chargement quelconque, Satine se mit à chuchoter, à l'intention du Mandalorien.

« Ma sœur est effectivement au courant de ma présence. C'est elle qui m'a caché ici. »

L'obscurité n'aidait clairement pas. Satine n'avait jamais été une très bonne combattante, elle avait toujours été l'opposée de sa sœur sur ce plan-là. La politique était son domaine. Les armes, la guerre... Elle n'avait jamais aimé ça, autant qu'elle n'y avait jamais excellé.

« Et sauf erreur de ma part, je crois que c'est vous qui venez de m'attirer des ennuis. »

Malgré tout, il n'y avait pas état d'une once de rigueur dans sa voix à cet instant. Peu importait qui les avait mis dans cette situation, par elle-même, elle avait toujours très bien su comment s'attirer des ennuis de toute façon.

« Je devrais peut-être vous préciser que... Je ne suis pas une très bonne combattante. Je n'ai jamais su très bien me battre. »