« The dawn before the twilight. » Ft. Palpatine

— The dawn before the twilight.

There's something in the wind, I can feel it blowing in
It's coming in softly
On the wings of a song
There's something in the water, I can taste it turning sour
It's bitter, I'm coughing
But now it's in my blood

|| The Gallo Mountains, The Emperor's Retreat — Naboo.


L’air embaume autour d’elle, le zéphyr de l’après-midi s’adoucit et l’atmosphère se pare d’une fraîcheur agréable après une journée sous la chaleur écrasante.

Mara Jade aimait Coruscant mais… Naboo était son jardin secret. Elle y évoluait le plus naturellement du monde, certains pensaient même qu’elle était une descendante directe de la famille royale des Naberrie. Ses origines se lisaient sur son visage, comme le plus clair des arbres généalogiques. Elle ne démentait jamais ces rumeurs, parce qu’après tout elle venait de cette planète. Elle était née ici, sous une lourde pluie d’orage ; sous un ciel zébré d’éclairs. Parfois, elle pouvait encore entendre le tonnerre et sentir l’odeur entêtante de l’orage d’été.

Ce soir-là était l’un de ceux qui avaient vu naître la Main de l’Empereur.

Ce soir-là était l’un de ceux qui avaient mené Mara jusqu’à Palpatine.

L’air tiède caresse le derme dénudé de ses épaules tandis qu’elle se perd dans le splendide paysage qui s’étend devant elle. Les clapotis de l’eau, la fraîcheur qui émane du lac à quelques mètres en contre-bas ; la jeune femme soupire. Elle en oublie le reste, qu’elle est une guerrière impitoyable, qu’elle est l’Exécutrice personnelle du Seigneur Noir des Sith.

Sous la brise, elle se sent seulement Mara Jade. Imbécilement éprise de son mentor. Elle flotte, entre réalité et rêveries, sa langue encore imprégnée de sa saveur quelques heures plus tôt. Elle pouvait apercevoir au loin l’infinité du lac qui s’étale à l’horizon.

La forteresse de l’Empereur sur Naboo n’avait rien à envier à Varykino. Et de toutes les femmes que l’Empereur aurait pu amener ici, c’était elle qu’il avait choisi. Cinq années avaient passé, aussi longue que l’éternité et pourtant, il lui paraissait parfois que tout ceci s’était passé la veille. Cinq ans et la voici surplombant cette immense étendue d’eau, comme si elle dominait toutes les âmes de cette galaxie.

Mara inspire profondément, prend une longue bouffée d’air pur. Les derniers rayons de soleil caressent délicatement sa joue et sa peau légèrement rosie par l’astre lumineux. Enfant de la nuit, elle ne s’exposait jamais énormément ; les rayons solaires étaient l’ennemi numéro un de la peau éburnéenne d’une rousse.

En dépit d’une escorte lourdement armée pour leur petite excursion, la jeune femme était abasourdie par le calme qui régnait au sein de l’imposante bâtisse du souverain suprême. C’était presque comme s’ils étaient en tête-à-tête —si on oubliait une bonne cinquantaine de Garde Royaux et milices privées confondues pour assurer la sécurité de Palpatine et certains hauts dignitaires conviés pour l’occasion. Bien qu’en présence de sa Main, il ne risquait pas grand chose.

L’Exécutrice de Darth Sidious avait bien sûr ses propres quartiers au sein du palais d’été, pour les apparences. Mais depuis qu’ils avaient franchi les Gallo Mountains, Mara Jade n’avait pas eu le loisir de voir à quoi ressemblaient ses appartements privés. Elle séjournait dans ceux de l’Empereur et n’avait aucune envie de les quitter. La vue depuis la véranda y était exquise et la guerrière se demandait si elle parviendrait un jour à se lasser d’un paysage aussi paradisiaque. À bien des égards, elle était une incorrigible romantique. Elle avait un côté subtile et artistique que l’Empereur n’avait pas su mater.

Elle rabat une mèche de ses cheveux derrière son oreille et il lui semble pouvoir de nouveau ressentir les doigts de son mentor effleurer la naissance de sa nuque, électriques et délicats. Mais ce n’est que le vent qui s’engouffre dans sa tignasse flamboyante et qui caresse suavement son corps assez peu vêtu.

Mara presse ses lèvres l’une contre l’autre, les paupières closes. Elle invoque leur lien à travers la Force —qui restait toujours ouvert mais en retrait lorsqu’aucun des protagonistes n’en avait l’utilité immédiate— et y envoie une requête, un sentiment.

Une langueur qu’elle ne pouvait réprimer.

Be with me. Be with me. Be with me...

Elle aurait pu réclamer la présence de tous les Seigneurs Sith avant lui mais non, c’était lui qu’elle voulait, qu’elle désirait ardemment. Il avait été absent toute la journée et Mara commençait à ressentir le manque cruel que provoquait une telle privation.

Il ne répond pas mais elle sait qu’il l’entend, qu’il ouvre leur lien et l’intensifie immédiatement.

Comme s’il était ici, à ses côtés.

À la toucher, à souffler le chaud et le froid sur son enveloppe charnelle.

À l’ensorceler.

Elle est malade de lui, il est parvenu à ses desseins. Elle n’arrive plus à se tenir loin de lui plus de quelques heures, chacune de ses missions la font dépérir. Une semaine, un mois… Elle en était meurtrie, mutilée, amputée du souffle vital.

Plus que jamais elle lui était dévouée et plus que jamais elle était prête à réduire en cendres tous ceux qui osaient défier son autorité. Elle avait tué des centaines de personnes pour lui, aujourd’hui elle était prête à défier une armée de milliers pour assurer sa protection. La Passion qu’elle éprouvait pour lui n’avait fait que multiplier sa puissance. Le Côté Obscur coulait dans ses veines, épais et insidieux.

Mara rouvre les yeux, et au creux de ses iris la malachite avait disparu pour laisser place à l’or le plus brut. Des étincelles électriques crépitent au bout de ses doigts tandis qu’elle s’enfonce plus profondément dans les ténèbres. Les murs du palais d’été frémissent légèrement, mais assez pour que cela puisse se sentir. Elle teste la violence de sa force dans le Noir.

Son ascendant est inégalé, sa puissance colossale.

L’eau du lac s’agite dangereusement et Mara se repaie de l’effervescence qu’elle engendre sur son environnement. Le ciel s’assombrit, le vent se lève. Elle souffle, prie son éternelle litanie.

« Peace is a lie, there is only Passion. Through Passion I gain Strength, through Strength I gain Power. »

Elle ne fait qu’un avec le Côté Obscur, et il ne fait qu’un avec elle.

Puis soudain elle sent la présence du Sith’ari non loin d’elle et de sa transe.

Lorsque ses orbes mordorées se posent sur l’Empereur, le contact se rompt instantanément. Les pierres autour d’elle retombent violemment sur le sol et les nuages se dissipent. Elle repose les pieds sur la terre ferme tandis que ses prunelles revêtent progressivement leur émeraude naturelle.

« — I feel you…, lui dit-elle du bout des lèvres, sans même que sa voix ne porte. »

Get up, come on get down with the sickness
Open up your hate, and let it flow into me
Get up, come on get down with the sickness
You mother get up come on get down with the sickness
You fucker get up come on get down with the sickness
Madness is the gift, that has never been given to me


Naboo. Bien que Palpatine avait vu le jour sur ce monde paradisiaque de la Bordure Médiane, il n’avait jamais éprouvé un réel attachement pour cette planète. Non, depuis toujours, ses ambitions dépassaient de loin l’étroitesse de ce monde. En cela, il s’était maintes fois opposé à son père, qui soutenait un gouvernement isolationniste qui, s’il avait perduré, aurait mené le monde à sa perte. Son père, sa famille, venait de cette planète depuis toujours.
Mais Palpatine n’avait pas de famille. Il n’en a jamais eu. Sheev Palpatine est né différent des autres. Et pour cela, ses propres géniteurs l’avaient détesté. Il a toujours été à part, supérieur aux autres. Quand le Muun Hego Damask, en vérité Seigneur Noir des Sith, lui a révélé la véritable nature de cette différence, Palpatine l’a embrassé, sans jamais plus s’en séparer. Depuis qu’il avait exécuté la totalité des personnes partageant son nom de famille, dans le vaisseau familial, il était devenu Darth Sidious, celui qu’il devait être.
Malgré tout, il avait fallu sauver les apparences. En tant que Sénateur de Naboo, il était bien obligé de montrer son attachement pour le système qu’il représentait. Chacun de ses actes, chacune de ses paroles avait été minutieusement étudié et planifié afin de lui assurer son ascension au sommet de l’échiquier politique de la Galaxie. Et une fois qu’il eut atteint le sommet, c’en était fini. Les Sith dominaient les êtres inférieurs en secret. Les Jedi ont décliné, jusqu’à n’être plus qu’un vague souvenir d’une époque barbare.
L’Empereur Palpatine avait organisé une immense fête au sein de sa retraite sur son monde natal, afin de satisfaire les esprits avides des plus hauts dignitaires de l’Empire. Officiellement, cette retraite avait pour but de leur offrir un cadre plus détendu et moins formel que Coruscant afin qu’ils puissent échanger sur la vie dans la Galaxie et déterminer les futures mesures à adopter dans l’Empire. Officieusement, ces êtres à l’éthique douteuse en profitaient pour s’adonner à leurs passions les plus obscures, dans le plus grand secret. Ce qui avait lieu ici restait ici. Personne ne le saurait jamais, personne n’en parlerait. Car telle était la décadence de certains dignitaires impériaux.
Décadence que Palpatine encourageait, car cela nourrissait ses propres intérêts. Par leurs fortes émotions, ils le nourrissaient. La Force était en chaque être vivant, mais leurs actions, leurs pensées, venaient alimenter l’immense écueil que représentait Palpatine dans l’océan agité du Côté Obscur. Tel un phare, il voyait chacun d’eux. Leurs pensées étaient ouvertes et visibles de tous. Des pensées terribles.
En ces occasions, Palpatine avait appris à apprécier le retour sur son monde natal. Cet air pur et sain, qui permettait à son esprit en constante ébullition un repos relatif, afin de davantage se connecter au Côté Obscur de la Force. Sous l’écueil qu’il représentait se cachait un rocher profondément ancré dans le sol. Une puissance insoupçonnée, sans limites, qui sommeillait en lui depuis tout ce temps. Il était le Sith’ari, l’élu des Sith, celui qui avait imposé la domination de leur ordre secret sur la Galaxie. D’une manière définitive.

Mais cette retraite en particulier avait une saveur différente pour l’Empereur. Pour la première fois, il avait demandé à son exécutrice personnelle, la Main de l’Empereur, de l’accompagner. Mara Jade avait donc suivi son maître, les dignitaires et les Gardes Royaux jusque sur Naboo. Inutile de dire que les rumeurs concernant sa relation avec Palpatine couraient bon train depuis le départ de Coruscant. Mais aucun de ces hommes gras ne savaient à quel point ils avaient raison. En secret, Mara Jade et l’Empereur avaient une liaison. Depuis qu’elle était venue à lui, qu’elle lui avait dévoilé son attachement profond. Leur lien s’était renforcé, s’ouvrant à un autre aspect de leur relation, bien plus passionnel.
Depuis le début du séjour, Palpatine avait autorisé Mara à occuper ses appartements personnels. Si elle avait toujours été privilégiée à ses yeux, elle l’était plus que jamais. Palpatine était officiellement un homme à femmes, il ne passait pas un soir sans qu’il soit au bras d’une autre. Mais aucune ne l’intéressait vraiment. Et partager une soirée en compagnie d’une des plus influentes femmes de la Galaxie ne le distrayait guère. Aucune n’avait les épaules pour être celle avec qui le Seigneur Noir des Sith entretiendrait une liaison. Elles ne valaient guère mieux que les vermines qui infestaient les bas-quartiers de Coruscant.
Mara Jade avait su éveiller un sentiment en Palpatine. Plus que n’importe qui, elle était proche de lui. Ils partageaient énormément de choses, à commencer par leur origine. Elle avait fait naître en lui un intérêt qu’il n’éprouvait pour nul autre. Elle était comme lui : en elle coulait le sang des Sith. Sa puissance était impressionnante, bien que bridée par la volonté de Darth Sidious. Elle portait en elle l’héritage des Sith, et servait la volonté du Seigneur Noir sans discuter. Il avait appris à s’attacher à elle, comme elle avait su se rendre indispensable. Et maintenant, elle occupait une place importante dans sa vie intime également.
Alors qu’il partageait un verre avec l’amiral Ozzel, un officier impérial de haut rang dont l’efficacité au combat était encore à prouver, il ressentit soudain un afflux de puissance émaner d’un coin du somptueux palace. Le ciel s’assombrit, tandis que le lien qui le reliait à Mara Jade s’éveilla. Il entendit son appel, mais n’y répondit pas. Pas directement. Puisant dans le Côté Obscur, il projeta son esprit vers là où elle se trouvait. Sa présence à ses côtés s’était intensifiée.
Puis Palpatine se leva, s’excusant poliment auprès du militaire. Suivi de ses Gardes Royaux, il se dirigea vers ses appartements. Mais il entra seul. Ses Gardes savaient qui se trouvait à l’intérieur. Ils savaient bien des choses sur Palpatine et sa vie privée. Mais il n’en parlaient pas. Ils en étaient incapables. Palpatine les avait formatés de sorte à ce qu’ils lui obéissent au doigt et à l’oeil.
Il la trouve sur l’un des balcons de sa suite, qui donnait sur un des nombreux lacs de Naboo. Les bras écartés, elle est en transe, son corps élevé de plusieurs dizaines de centimètres au-dessus de la pierre polie. Les mains croisées dans le dos, il observe les éclairs parcourir ses doigts, son corps, alors que les éléments tourbillonnent autour d’elle. Depuis cinq ans, il avait décidé qu’elle n’avait plus besoin d’être bridée, et lui avait appris à utiliser toute la puissance qu’elle possédait.
Mais quand les yeux jaunes de Mara se posèrent sur son Maître, elle interrompit sa transe. Le ciel s’éclaircit à nouveau, se teintant de la lueur orangée de la fin de la journée. Il ne l’avait pas croisée depuis qu’il avait quitté le lit, occupé dans des réunions et festivités diverses. Il ne l’admettrait jamais, mais elle lui avait manqué. Un fin sourire étira ses lèvres. Il resta immobile, à l’observer, sans s’avancer vers elle, tendait une main vers l’horizon.

« You summoned me, Mara. Were you meditating ? »

Pure emotion
Let it burn
Like fire


Il y a des années de cela, leur relation n'avait rien à voir avec celle qu'ils entretenaient aujourd'hui. Tout n'était que rapport de force, violence et manipulation afin que Mara devienne la meilleure, devienne la Main de l'Empereur la plus aguerrie, celle qui remplirait ses obligations et ses missions sans aucune fausse note.
À présent, l'Empereur la tenait sur un même pied d'égalité. Il était le souverain suprême, cela ne changeait pas et la guerrière Sith gardait le même respect à son égard. Seulement, les choses avaient quelque peu changé. Lui qui avait si longtemps réprimé les pouvoirs de la jeune femme, le voilà qu'il la laissait les exprimer à sa guise. Elle portait en son sein l'héritage de Dark Sidious et peut-être était-il temps désormais qu'elle prenne la place qui lui revenait de droit en tant que Sith. Jamais elle ne s'était sentie aussi libre, libérée de toute barrière ; aussi puissante et égale à son Maître. Il en avait voulu ainsi et depuis que leur liaison perdurait, il lui accordait bien plus de libertés qu'avant et c'était loin de déplaire à Mara.
Elle s'était toujours sentie privilégiée mais à présent, c'était quelque chose de plus. Palpatine ne prendrait jamais de consort, elle en était parfaitement consciente. Mais parfois, dans sa manière de se comporter avec elle, la douceur de ses gestes, ses paroles, ses étreintes… Il semblait à la Main qu'il la considérait comme telle. Cela ne serait jamais officialisé, elle le savait. Elle espérait néanmoins que, peut-être, un jour il change d'avis. Se sentir Impératrice dans la soie de ses draps suffisait à Mara pour l'heure.
Car jamais une âme n'avait touché le coeur de métal de Sheev Palpatine avant elle ; de cela aussi elle en était absolument consciente. Insatiable, elle demeurait une Sith ; elle désirait toujours plus. Et cela même si leur relation durait depuis cinq longues années. Pour Mara, son mentor lui paraissait toujours inaccessible ; là-haut sur un trône qu'elle ne pouvait atteindre. Lilith était la plus proche de Lucifer mais pour autant jamais elle n'avait pu l'obtenir corps et âme.
Mais comme Lilith, Mara avait les épaules tout aussi solides pour supporter le Sith'ari, elle avait assez d'intelligence pour préserver l'intérêt et les goûts exigeants du Diable.
Comme Lilith avec Lucifer, la Main de l'Empereur n'avait aucune raison d'être sans Palpatine, aucun but. Sans lui, elle errait dans la lumière aveuglante, sans une goutte d'ombre pour étancher sa soif et soulager les brûlures du soleil.
Manipulateur, il le savait et en jouait.
Éprise, elle aussi le savait et le laissait faire.

C'était toujours à double tranchant entre eux ; leur proximité la bénit d'un bonheur incommensurable mais la blesse d'une douleur insoutenable lorsqu'Il s'éloigne. Mara sait que ce lien n'est pas bien, qu'il défit toutes les lois naturelles d'une relation saine. But she doesn't care, about all of this. She'll continue to crave for his touch, for his brain, for his arms around her waist.
Son désir pour lui ne tarit jamais, ne fane jamais et redouble d'intensité alors qu'il approche, impérial et débordant de ce charisme qui n'appartient qu'à lui. Cette signature dans le Côté Obscur qu'elle reconnaîtrait parmi des millions.
Ses pieds touchent enfin la terre ferme et ses orbes émeraudes ne quittent pas la glace polaire des siennes. Puis ses persiennes glissent vers sa main tendue et un léger rictus tord ses lèvres ; elle s'empare de ses doigts et soudain tous les astres s'alignent de nouveau en parfaite symbiose.

"— I was training. Seems like I've succeed."

Les éclairs, enfin. La preuve ultime que l'Empereur avait lui aussi réussi. Mara était enfin devenue l'héritière parfaite de son plan machiavélique, celle qui implanterait l'hégémonie des Sith à travers la Galaxie pour l'éternité.
Elle lie ses doigts aux siens, l'astre solaire réchauffant le grain immaculé de sa peau. Elle frémit, le fond de l'air est frais mais il n'en est pas la cause.
Elle l'observe, ne le quitte pas des yeux. L'effet monstrueux qu'il exerce sur elle n'a jamais diminué. Il a probablement même crû aux fils des années.

"— I've missed you. Deeply., souffle-t-elle."

Ses sentiments si forts pour cet homme lui font mal, tordent ses tripes et lui retournent l'estomac. Elle doit combattre chacune de ses émotions, chacune de ses pulsions pour ne pas fondre sur ses lèvres et lui voler un baiser tempétueux.

Les éclairs Sith. La manifestation la plus pure du Côté Obscur. Entre les mains d’un expert de la Force, comme Palpatine, cet afflux d’énergie était létal au moindre contact, faisant s’embraser la chair en même temps que l’âme de sa victime. S’il le voulait, il pouvait désintégrer instantanément sa cible, la réduisant à l’état de cendres. Le Seigneur Noir des Sith était l’être le plus puissant de la Galaxie.
Mara Jade ne lui était jamais arrivée à la cheville. Il avait veillé à cela. Mais depuis cinq ans, en parallèle de leur désir mutuel, elle avait confessé vouloir être plus puissante. Palpatine voyait auparavant cela comme un accès de faiblesse. Mais quand la loyauté de ceux qui l’entourent est remise en question, il sait qu’il peut avoir une confiance aveugle en Mara Jade. Elle était sa seconde, son ombre. Sans cesse à ses côtés. Il lui avait permis d’augmenter sa puissance, ses pouvoirs. Et désormais, elle aussi était capable de manifester de puissants éclairs de Force.
Dès qu’elle l’avait aperçu, ses yeux avaient repris leur couleur naturelle. Passant du doré au vert émeraude. Deux couleurs qui lui allaient à merveille. Cette marque discrète était une preuve d’une relative affinité au Côté Obscur. Mais Palpatine était au courant de l’étendue véritable de ses talents. Cela ne faisait que les sublimer. Le fait qu’elle ait d’elle-même réussi à perturber la météo était la véritable preuve de son affinité à la Force.
Sidious lui-même était capable de bouleverser le climat d’un monde. Il avait pu expérimenter cela récemment, à mesure qu’il augmentait la capacité de ses pouvoirs. A mesure qu’il se rapprochait de la découverte du secret de la vie éternelle. Un secret qu’il considérait de plus en plus partager avec Mara Jade. Car elle était sa Main, son agent le plus proche. Mais également sa confidente. Et maintenant, elle était celle pour qui il éprouvait de forts sentiments. Cela faisait depuis qu’il était Empereur qu’il avait réalisé à quel point il avait besoin d’elle, de ses talents. Mais depuis, cela avait pris une tournure bien plus personnelle.
Son regard se reposa sur elle quand elle lui répondit. Un sourire déforma le coin de ses lèvres.

« Oh, really ? You’ve been able to call me since you were a child. »

Elle s’approcha de lui. A peine vêtue; il émanait d’elle une aura de beauté sauvage. Une beauté naturelle, indomptée. Même de Palpatine, semblait-il parfois, car même si elle lui obéissait au doigt et à l’oeil, elle restait farouchement indépendante. Ce qui la rendait si douée dans ses missions en tant que Main. Il avait fait en sorte de la rendre autonome, et cette autonomie avait toujours transpiré dans leurs rapports. Il avait toujours vu cela comme de la simple défiance, mais il posait aujourd’hui un autre regard sur ce comportement.
Leurs doigts se touchent, se lient, alors qu’elle s’approche ostensiblement de lui. Sous ses doigts, elle vacille. Il en est la cause. Elle tressaille alors que son regard se pose sur elle, que leur lien se fait plus chaleureux. Il peut sentir les émotions de Mara qui se bousculent. Son trouble, quant à sa présence. Son envie, sa passion, mais aussi sa sérénité. Il ne fait rien pour rompre le contact avec elle, au contraire. Quand il entend ses mots, il vient à son tour mêler les doigts de sa seconde main avec les siens. Il lui fait face.
Puis, soudain, sans un mot, il l’attire à lui, contre lui. Leurs lèvres se joignent dans un baiser passionné. Le premier qu’ils échangent, de cette journée. Elle disait qu’il lui avait manqué, et il savait combien c’était vrai. Elle n’avait de cesse de lui envoyer des signes, des supplications, à travers leur lien. Elle était follement éprise de lui, dépendante de lui. Ses émotions étaient brutes, puissantes.
Puis il rompit le contact de leurs lèvres, s’écartant légèrement d’elle. Un sourire s’était dessiné sur ses lèvres, mais son ton fut sérieux quand il prit la parole :

« When you feel the urge to come to me, to kiss me, do it. We Sith do not contain our feelings. Express them, Mara. Besides, it pleases me. »

Son sourire était avenant, sincère. Du dos de la main, il caressa la peau douce de la joue de la rousse, replaçant l’une de ses mèches derrière son oreille. Il la dévorait du regard, admirait sa beauté sans artifices. Elle faisait sans conteste partie des femmes les plus belles qu’il ait pu côtoyer. Sa chevelure rousse et son menton fendu avaient tendance à lui rappeler sa propre personne. Il paraissait donc logique qu’un être aussi imbu de lui-même que Palpatine soit attirée par cette femme en qui il se retrouvait, sous certains aspects...

I remember when your head caught flame
It kissed your scalp and caressed your brain

La Main de l'Empereur, en dépit de la violence et des pleurs, restait probablement la personne la plus fidèle au souverain galactique de ce monde. Peu de personnes pouvaient prétendre ne pas retourner leur veste lorsqu'ils sentaient le vent tourner en leur défaveur. Mara Jade n'était pas de cette espèce ; Mara refuse d'être celle qui échouera dans ses voeux.
Mara Jade restera pour l'éternité l'Ombre de l'Empereur, sa furie et son bras armé le plus performant.
Certains trouveraient à redire à cela, certains prétendraient que Vader entrait également dans l'équation. Pas pour elle. Pour la guerrière Sith, l'apprenti de Palpatine n'avait pas les épaules pour supporter la présence du Sith'ari. Cela arrivait —assez régulièrement d'ailleurs— que l'on compare Lord Vader au second du Régent. Mara ne pipait mot, restait interdite et silencieuse mais en elle bouillait une jalousie qu'elle avait beaucoup de mal à réprimer. Un ressentiment que même son mentor avait bien des difficultés à juguler. Et à présent qu'il avait débridé sa puissance dans le Côté Obscur, rien n'était moins sûr concernant la patience de Mara quant à la place injustement attribuée à son rival.

Ce qui était certain en revanche, c'était qu'une seule petite poignée de Sith était capable de telles prouesses. Les éclairs, l'influence sur l'environnement proche, tout ceci n'était possible à réaliser que grâce à une affinité affirmée et profonde avec la Force. La rousse n'était certes pas une Sith au sang-pur, elle n'héritait pas de leurs nobles gênes et pourtant la voilà qui s'élevait dans l'atmosphère tel un phénix, la foudre au bout des doigts et la météo à sa merci.
Une copie conforme de Sheev Palpatine, son parfait alter-ego.

Le ciel s'était éclairci et les derniers rayons du soleil chatoyaient délicatement contre les langoureux remous du lac. La lumière du soir dansait doucement sur la peau clairsemée de taches de rousseurs de Mara. Cet endroit était un pur éden. Paradis toutefois bien fade si le maître de ces lieux en personne ne s'y trouvait pas.
La Main lui rend le fin sourire qu'il lui offre. Ses doigts demeurent mêlés aux siens, en un geste doux et pourtant si intime. Tout dans leur relation débordait d'une complicité et d'une intimité peu commune, que peu de couples pouvaient se targuer de posséder. Ils ne leur manquaient qu'un tout petit détail, une seule petite chose pour les qualifier de Dyade. Mais si l'on demandait à Mara, elle affirmerait qu'il en s'agissait bien d'une ; car tout ce qu'elle avait lu à ce sujet résonnait dans sa relation avec le Sith'ari. Elle n'existe pas sans lui, ils ne forment qu'une seule et unique âme.

"— In this time, I was not calling you for the same things as I do now."

Elle lui répond avec un rictus qui s'accentue et qui tord ses lèvres en un sourire carnassier. Il disparaît bien vite alors qu'il l'attrape pour lui voler un baiser fougueux, baiser auquel elle ne s'attendait guère. Néanmoins, elle ne se fait pas prier très longtemps et y répond avec toute la passion dont elle sait faire preuve. Elle se love contre lui, se blottit étroitement contre son buste en venant agripper sa chevelure. Son souffle se fait plus court, elle sent une douce oppression prendre possession de sa poitrine et une nuée de gargouillis prendre d'assaut son ventre. Elle mordille un court instant sa lèvre inférieure ; si elle pouvait le dévorer, par les Dieux elle n'hésiterait pas une seule seconde.
Alors qu'il brise leur étreinte, Mara tente de reprendre sa respiration et de retrouver un rythme cardiaque dans la limite de la normale. C'est très compliqué au vu des paroles qui suivent. Son impériale main qui glisse le long de sa joue la fait déglutir et fermer les paupières sous le plaisir qu'il lui donne à cet instant.

"— I'd like to but… I can't do it when you are attending a meeting with your counselors., souffle-t-elle, sa respiration erratique."

Elle rouvre les yeux et plonge dans son regard d'acier liquide. Mara se fait alors la réflexion qu'elle n'avait jamais vu d'iris avec tant de nuances ; le bleu des abysses et l'éclat de l'argent brut. Elle a du mal à se défaire de son regard, comme si chaque fois qu'il l'approchait il lui jetait un sort. Elle était ensorcelée, comme hypnotisée par cet homme qui tenait le destin de la galaxie dans le creux de sa main.
La réalité revient à elle alors que le soleil expire son dernier rayon et laisse place à l'obscurité grandissante de la nuit. Mara pose à son tour sa main contre sa joue, descend le bout de ses doigts contre ce menton si semblable au sien. Le miroir de l'un et l'autre.

"— I have something to give you. I wanted to wait for your birthday but I suppose this place is the right one to give it to you."

Il était l’Oeil de la Tempête. Celle qui avait déchiré la Galaxie en deux, lors de la Guerre des Clones. En plongeant la Galaxie dans l’Anarchie, Palpatine avait exploité les deux visages de cette idée : cette même anarchie qui a détruit la République, et balayé les ruines d’un gouvernement décadent et devenu obsolète, a aussi permis de fonder un Empire, basé sur l’ordre, dont la poignée de fer s’était refermée sur une Galaxie qui n’attendait que cela.
Depuis des décennies, il était l’instigateur, celui qui tirait les ficelles dans l’ombre. Le Seigneur Noir des Sith, le seul et unique. Le dernier de leur espèce. Il incarnait l’héritage des anciens, il l’avait magnifié au point d’éradiquer ceux qui les avaient persécutés et traqués des millénaires durant. Depuis l’ombre, il avait avancé un par un ses pions sur l’échiquier galactique. Mais il avait toujours gardé un atout dans sa manche. Ses Mains, et notamment la première et meilleure d’entre elles : Mara Jade. Cette femme originaire de Naboo, extrêment douée dans le Côté Obscur de la Force, qui avait su susciter l’intérêt de Palpatine. Elle était douée d’une grande prouesse au combat de même que d’un charisme qui ne laissait pas indifférent.
Cette femme avec qui il avait créé un lien unique. A travers la Force, tous deux pouvaient communiquer, échanger sans dire un mot. Mais ce lien s’était renforcé depuis plusieurs années, alors que leur relation avait évoluée. Palpatine n’a jamais été indifférent aux charmes de son apprentie, mais la révélation des sentiments de cette dernière a fait naître une toute autre chose en lui. Une attraction nouvelle pour cette femme avec qui il était désormais très proche. Au point de partager ses appartements avec elle…
Il l’a toujours considérée comme celle qui était la plus digne de devenir l’héritière de son pouvoir. Elle avait été un atout indispensable dans l’accomplissement de ses plans pour la Galaxie. Mais désormais, elle était bien plus que cela. Elle avait la prestance d’une Impératrice. Et Palpatine savait parfaitement qu’elle n’attendait qu’un seul mot de sa part pour revêtir ce manteau en public. Mais cela n’était pas dans ses intentions…
Leur contact physique se rompt après le baiser qu’ils ont échangé, mais leur lien dans la Force bouillonne. La respiration de la rousse s’accélère tandis que l’Empereur ressent ses forts sentiments à travers leur lien. Il s’en délecte, et cela lui arrache un sourire. Un sourire carnassier. Ses paroles ne le laissent également pas indifférent.

« Actually, a very few of them know of your true nature. And they probably all think you are but one of my concubines. The kiss may be exaggerated, but you don’t have to refrain yourself from seeking my presence. »

Leurs regards se croisent, et il capte les émeraudes luisantes de Mara. Leurs regards fusionnent comme leurs âmes, tandis que Palpatine s’ouvre à la Force, transmettant une vague de chaleur, ses sentiments manifestes. Il ressent pour elle un amour unique, un amour qu’il n’a jamais ressenti avec quiconque auparavant. Nul n’a besoin de parler pour savoir ce que l’autre ressent. Et il devait bien admettre que cette journée passée loin d’elle lui a paru particulièrement insipide.
A ses paroles, il lève un sourcil, sa curiosité attisée. Un cadeau ? Que pouvait-elle bien dissimuler, alors que son accoutrement ne laissait absolument aucune fantaisie sur ce qui se trouvait en-dessous ? Habituellement, c’était l’Empereur qui faisait des offrandes à sa Main, et non l’inverse. Il s’était toujours satisfait de ses succès lors de ses retours de mission. Il n’avait jamais eu besoin que de cela.

« A gift, for me ? I wonder what it could be... »

Et alors qu’il parlait, une bourrasque vint traverser le balcon des appartements royaux. La fine tenue de Mara se souleva. Palpatine, d’un geste protecteur, vint passer son bras derrière les épaules de la rousse afin de la guider dans la pièce, et laisser le crépuscule s’installer, alors que les lueurs du palace s’éveillaient, prémices des soirées privées qui allaient avoir lieu, comme toutes les nuits. Des soirées luxueuses, où la vermine opulente de cette Galaxie s’adonnait à l’hédonisme et à la luxure des plus décadents...

And suddenly it's in your eyes
The intervals that we know, then don't make it change
Then don't overshadow us in any way
Yes, our touch crosses oceans

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C'était quelque chose d'acté désormais, une pure évidence que le Seigneur Noir des Sith connaissait sur le bout des doigts sa Main. Il connaissait ses pensées, ses envies, ses espoirs et ses secrets les plus inavouables. Mara ne pouvait nier cela, c'était clair comme le cristal. Il était fort probable qu'elle eût évoqué ce désir chimérique de devenir plus que son Exécutrice ; de devenir plus que l'une de ses courtisanes comme les rumeurs à ce sujet fusaient à la vitesse de la lumière. La rousse était une Sith, par définition elle était exigeante. Elle désirait toujours plus, jusqu'à atteindre le point de non retour. Elle s'était lassée de ce statut qu'on lui attribuait trop grassement comme étant qu'une vulgaire autre de ses concubines. Elle était bien plus que cela et sa fierté commençait à en prendre un sérieux coup. Elle n'était pas rien, elle n'était pas un mouchoir que Palpatine pouvait jeter lorsqu'il en était fatigué.
Néanmoins, la Main s'était bien gardée de mettre en mots les raisons pour lesquelles elle désirait, un jour peut-être lointain ou non, revêtir le manteau de Consort. Elle ne demandait pas spécialement le titre d'Impératrice car elle n'était pas certaine de remplir ce rôle sans jamais faillir.
Non, ce que Mara voulait, c'était être associée au Sith'ari d'une manière plus intime. Que la cour impériale cesse de répandre ses fielleux ragots concernant son statut de "petite concubine" dont il pouvait disposer comme bon lui semblait.

La Main de l'Empereur voulait inspirer le respect et la crainte. Elle voulait être officiellement reconnue digne de Palpatine.
Et il était fort probable que la jeune femme n'ai jamais dit les choses de cette manière au principal concerné.

Ce dernier était borné, tout autant qu'elle l'était. Par bien des aspects, aussi bien physiques qu'intellectuels, Mara et son mentor se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Chacun était l'alter-ego de l'autre. Des millions de théories parlent d'âme-soeurs, qu'il est possible d'en avoir plusieurs et plus d'une fois dans une vie. Quelques hypothèses en revanche évoquent discrètement l'existence d'une âme primordiale ; unique et qui ne peut arriver qu'une fois au cours d'une vie. Une même âme, scindée en deux et dispersée à travers la galaxie. Peut-être sont-ce là des théories pour les romantiques effrénés en quête d'un absolu, peut-être sont-ce du baratin que les voyantes se plaisent à raconter aux faibles d'esprit. Mais Mara est bien obligée de l'admettre, il n'y a pas de hasard. C'est la Force qui choisit de rencontrer deux êtres et de les lier irrémédiablement —ou non. Palpatine et elle sont pareils, le noyau dur d'une même cellule ; que l'espace temps avait séparé de quelques décennies. Ce que Mara ressent, Palpatine le ressent aussi ; ce qu'elle pense, il l'entend, ce qui le trouble la trouble elle aussi. Et même s'il prétend avoir instauré de son propre chef ce lien, c'est la Force qui avait décidé de le faire fonctionner à la perfection.
C'est la Force qui avait mené le Seigneur Noir jusque dans les bas fonds de Theed.
C'est la Force qui avait donné le pouvoir à cette petite fille d'appeler cet homme depuis l'autre bout de l'univers.
Le hasard n'existe pas, il n'y a que des évidences.

Le fond de l'air se rafraîchit à mesure que l'astre solaire amorce sa descente dans le ciel pour laisser place à la nuit. Un conte pour enfants raconte que tous les jours, le Soleil se laisse mourir quelques heures pour pouvoir laisser vivre la Lune. Que la Lumière et l'Obscurité sont liés de manière inextricable et que personne n'était en mesure de comprendre.
En effet, Mara Jade avait lu beaucoup de livres, bien plus que la plupart des hauts dignitaires présents et qui se vantaient de tout connaître sur tout, d'avoir tout vu, d'avoir tout vécu. Elle était cultivée, très intelligente, et elle avait choisi de ne montrer ces traits qu'à une seule personne dans ce monde. Et puis, soyons honnête, l'Empereur n'aurait jamais choisi une femme à l'intellect relatif et à l'esprit lent et mollasson.
Les frissons de Mara subsistent sur sa peau, la fraîcheur, la chaleur du baiser et la brise en sont la cause principale. Les deux protagonistes finissent par quitter le balcon et s'installent dans l'imposant salon des appartements impériaux. Sans un mot, la rousse s'éclipse un instant pour aller chercher ce fameux présent qu'elle n'avait pas pu —effectivement— dissimuler sous le tissu fin de sa tenue. Elle réapparaît, les mains dans son dos, les poings serrés pour protéger le précieux objet. Elle revient se placer face à Palpatine, plongeant l'émeraude de son regard dans le givre du sien.

"— I know it's not your birthday so consider it as a very late gift. Or as a perfect evidence of my affection for you."

Enfin, elle ouvre la paume de sa main. Au dessus de celle-ci lévite doucement un ghostfire kyber. Identique à celui qu'elle avait rapporté des années auparavant. Son étincelle n'avait pas pâlie, elle s'intensifiait même en présence de Palpatine.

"— They were two of them. They come from the same stone in the very core of the Gallo Mountains. They are alike, like you and I. This one is for you, my Lord."

S’ils n’évoquaient pas ce sujet à voix haute avec Mara, Palpatine savait combien elle prenait sur elle. En effet, elle devait pour l’heure se contenter d’être affichée comme une concubine, une des énièmes conquêtes du tableau de chasse de l’Empereur. Il n’avait pas besoin de la Force pour voir qu’elle désirait plus. Cependant, il n’a jamais caché le fait qu’il désapprouvait ces pensées. En effet, Mara souhaitait surtout représenter davantage aux yeux de la cour et du peuple impérial, alors que l’Empereur lui accordait déjà tout le crédit et le respect qu’elle méritait.
Les Sith n’ont jamais été dépendants du regard des autres. Les Sith utilisent les autres pour parvenir à leurs fins, la domination galactique. Mais à aucun moment de leur histoire ils n’ont eu besoin de quiconque pour exister, excepté eux-mêmes. Leur ordre a été fondé à cause de l’hypocrisie et la rigidité de la doctrine Jedi. Mais s’il ne peut y avoir d’obscurité sans lumière, il est tout à fait concevable que les Sith puissent subsister sans les Jedi. Palpatine avait prouvé cela.
Il était celui qui s’était épris de Mara Jade et il avait choisi de la garder à ses côtés. Seul son regard comptait. Seuls ses mots importaient. Tous les autres, tous ces imbéciles qui pensaient qu’elle n’était qu’une autre conquête passagère, n’étaient rien. Ils n’avaient aucun pouvoir, leur voix n’avait aucun poids. Palpatine avait tous les pouvoirs. Il pouvait tous les exterminer d’un clignement des yeux s’il le voulait. Et Mara, elle aussi, avait ce pouvoir en elle. Cela désolait son maître - et amant - qu’elle se sente ainsi obligée de vivre à travers la piétaille impériale.
Il savait tout cela grâce à leur lien. Il pouvait entendre ses pensées, quand elle s’ouvrait à lui, comme si c’était les siennes. Leur lien, Palpatine savait qu’il ne l’avait pas créé. Il l’avait découvert et l’avait suivi. Tout comme lorsqu’il a trouvé Maul, puis Vador, le Seigneur Sith avait trouvé Mara Jade par la volonté du Côté Obscur. Les Sith ont appris à dominer la Force, qui en retour leur montrait des choses dissimulées aux autres. Sinon, pourquoi les Jedi n’avaient jamais trouvé ces enfants sensibles à la Force ? Leur propre suffisance les a poussés à ne voir qu’à travers des œillères, leur cachant le plus grand dessein qui se tramait sous leurs yeux.
Quand Mara quitte son bras, il la regarde s’éloigner, attirant à lui un verre rempli d’eau. Palpatine, en tant que noble de Naboo, avait des goûts raffinés, mais il avait bu suffisamment d’alcool onéreux pour la journée. Il en profita pour se détendre. Il avait rarement droit à ce genre de répit, mais dans ses quartiers privés, il savait que personne ne pourrait le perturber. Et depuis longtemps il ne cachait plus rien à son apprentie. Sans honte, il pouvait se laisser aller en sa compagnie. Elle avait été bien moins timide à cela, et c’est ce qui lui avait permis de peu à peu se relâcher devant elle.
Mais quand elle revint, son regard était vif, une curiosité sincère le prenant. Il n’avait aucune idée de ce fameux cadeau qu’elle prétendait avoir pour lui. Il doutait que le fait qu’il ait ordonné à ce que ses affaires soient déplacées jusque dans ses appartements afin qu’ils partagent davantage que leurs nuits soit la cause de ce présent. L’explication qu’elle fournit satisfit sa curiosité de manière relative.
Mais la nature du présent éclipsa toutes ces questions futiles. Devant ses yeux s’éleva un cristal Ghostfire Kyber. Mara Jade n’avait pas trouvé un de ces cristaux, mais deux. Un fait incroyable, plus que remarquable. Il n’y avait pas de preuve plus concrète pour prouver que cette femme était élue de la Force. Différente des autres. Au même titre que celle à qui elle offrait ce cristal. Même les archives Jedi ne possédaient qu’une poignée de ces cristaux, récupérés sur des dizaines de milliers d’années.
Il était véritablement estomaqué et mit un temps avant de reprendre ses esprits. La résonnance unique du Ghostfire appelait Palpatine, cherchait à se lier à lui. Il invoqua la Force pour attirer le kyber à lui, ses yeux ne parvenant pas à s’en détacher. Mais finalement, c’est avec un immense sourire qu’il posa à nouveau son regard sur Mara, qui ne cachait pas sa fierté - et à juste titre. Il prit la parole sur un ton chaleureux.

« By the Gods, Mara, this is incredible. We both know you wouldn’t be here if you weren’t special, but this… This is beyond anything I could think of. You are gifted, like no one else is. I cannot accept it. You found it… It is yours. Keep it. Use it to build another lightsaber. I won’t… I won’t have a use for it. It is such an amazing find, I cannot waste it. »